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    Le Monde sous la plume de Salma
      15. juil.
      2014
      culture
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      Miser sur la jeunesse pour l’émergence en 2035 au Cameroun.

      Affiche UNFPA
      Affiche UNFPA

      À l’occasion de la journée mondiale de la population pour l’année 2014, la ville de Bamenda a été le théâtre des manifestations pour marquer cette journée dans notre pays.

      Bamenda est la capitale de la région du Nord-ouest et comme toutes les capitales, elle se développe et attire de nombreux jeunes qui exercent des activités diverses surtout dans le secteur informel. Bamenda c’est aussi une jeunesse qui, pour la majorité est sans emploi et se retrouve dans des réseaux de « scamers » (arnaqueurs du net), avec des grossesses non désirées, mais aussi une jeunesse qui n’a pas du tout accès aux services de santé de qualité car le pouvoir d’achat est faible.  C’est sans doute tant de raison qui ont été favorable pour qu’elle soit choisie pour accueillir pour cette célébration sous le thème « investir dans la jeunesse pour un Cameroun émergent en 2035 ».

      Défilants
      Défilants

      Pour l’occasion, de nombreuses autorités étaient présentes, parmi elles, le Gouverneur de la région Mr Adolphe Lélé L’Afrique, le Ministre de , la Représentante de l’UNFPA (United Nations Population Fund) Mme Barbara M. Sow, etc.

      Défilé au Grand Stand de Bamenda de multiples associations telles que celle des personnes handicapées, celle des Droits de l’homme, des divers services publics impliqués dans la santé, le bien-être, le sport, toutes les couches y étaient représentées. C’est après avoir assisté à une foire organisée à cette occasion que j’ai pu poser quelques questions à  Mme Barbara M.Sow, Représentante de l’UNFPA.

      Représentante UNFPA Mme Barbara M.Sow

      Représentante UNFPA Mme Barbara M.Sow

      Pourquoi avoir choisi de miser sur la jeunesse pour le thème de cette année sur la célébration de la journée mondiale de la population ?

      C’est une décision prise sur le plan globale. Le discours du secrétaire des Nations Unies à cette occasion dit que « il y a 1,8 milliard de jeunes dans le monde » c’est une force énorme et positive. Cette force doit être mieux encadrée pour des actes et des résultats positifs pour tous les pays, toutes les sociétés et toutes les économies.

      Lier la jeunesse à l’émergence pour le cas du Cameroun, qu’est ce que cela implique pour l’UNFPA ?

      La chose la plus importante pour voir que la jeunesse contribue à l’émergence du Cameroun en 2035, c’est de s’assurer qu’elle est en bonne santé. Nous à UNFPA nous nous occupons des questions de santé, de l’accès pour les personnes les plus vulnérables surtout les jeunes filles et jeunes garçons. Pour nous ce qui est important pour atteindre cette émergence, est que les jeunes ne soient pas victimes de violence, que les jeunes filles soient à l’abri des mariages forcés, qu’elles peuvent se protéger contre les infections sexuellement transmissibles, qu’elles peuvent se marier quand elles veulent enfin, qu’elles puissent aller à l’école et poursuivre leurs études jusqu’au niveau qu’elles veulent.

      Pourquoi avoir choisi la ville de Bamenda pour la célébration de cette journée mondiale  de la population 2014 au Cameroun ?

      C’est un choix du gouvernement camerounais, nous l’avons soutenu parce que nous avons vu l’importance de l’éducation, du travail et du rôle de la société  et la présence des jeunes partout ici à Bamenda. La première fois que je me suis rendue à Bamenda, j’ai vu que les jeunes avaient une énergie débordante, il fallait faire qu’ils le reconnaissent et faire qu’ils soient vu comme des modèles pour les autres.

       

       

       

       

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      07. juil.
      2014
      culture
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      Au Cameroun les apprentis sorciers sont de retour !

      source; google
      source; google

      C’était en 2008 et les lions indomptables devaient affronter les pharaons d’Egypte au stade Babayara de Kumasi et ont été battus par un score de 4 buts à 2. Otto Pfister et ses poulains avaient pris le chemin du retour avec toute la honte du monde. Ce jour là j’ai vraiment commencé à avoir peur des momies (les égyptiens). Le Cameroun était Out!

      Il est vrai que pour nous les camerounais les mots défaite, perdants ne font pas partis de notre dictionnaire. Nous ne connaissons que la victoire. Avant leur retour, je ne sais combien de personnes sont devenues hypertendues, mais tout ce que je sais c’est que la pilule n’est pas passée et vous pouvez imaginez le genre de commentaires qu’il y avait dans le pays. Et nos têtes n’avaient pas fini de chauffer qu’on nous annonçait déjà que le prix du carburant allait augmenter dans les stations. C’était le genre de « jour de malchance » que l’on prévoit souvent dans son horoscope. Descentes dans la rue, grève des transports, fermeture des marchés et arrêt des activités. Les agents du Bureau d’intervention Rapide descendaient dans les villes pour le « retour au calme ». La grève des transporteurs était devenue générale et la colère montait. Il fallait que le président réagisse et il a réagi. J’avoue que depuis ce jour le mot « apprentis-sorciers » est définitivement entré dans mon langage.

      Je dirais que l’histoire se répète cette année encore. On était tous excités de voir nos chers lions tenir tête à l’Allemagne lors des matchs amicaux avant le mondial au Brésil. Nous avions à nouveau confiance en notre équipe, car s’ils tenaient tête à l’Allemagne, ils pourraient tenir tête à n’importe qui. Résultat, les vendeurs de téléviseurs ont bien vendus les téléviseurs, Canal Plus a eu de nombreux nouveaux abonnés, notre seule inquiétude était le courant donc le message est passé « AES sonel ne doit pas blaguer avec nous et en plus bienvenue à Artis ».

      Nos lions étaient redevenus « indomptables » et nous étions les rois du monde sinon d’Afrique. Discours d’assurance de la part du staff des Lions, cérémonie de remise du drapeau ratée car le capitaine n’a pas pris le drapeau que voulait lui remettre le premier ministre, ou peut-être il ne s’y attendait pas ? Départ reporté pour le Brésil car les Lions réclament leur prime, montant : 50 millions de Fcfa. J’avoue que jusqu’aujourd’hui je ne sais toujours pas comment on a fait pour les payer mais cela a été réglé, ils savaient sans doute où ils puiseraient pour rembourser.

      Départ pour le Brésil, réunion de tête à tête avec le ministre des sports et tous ceux qui sont impliqués. Les personnes présentes ont trouvé cette réunion inutile. 3 rencontres 1 seul but marqué par Matip. Eto’o était  Out depuis la deuxième rencontre et il était question pour les autres de montrer qu’on pouvait combler ce vide, c’était raté. Les lions Indomptables ont plutôt brillé en transformant la rencontre en ring de boxe et de Kung Fu. Pour couronner le tout, le Brésil a tenu à nous raccompagner en beauté 4 buts en guise d’au revoir, fallait le voir.

      Au retour, seuls 11 joueurs sont présents. Le Président veut des explications et c’est le premier ministre qui a un mois pour les lui donner. C’est vrai qu’il n’a pas encore digéré l’épisode du drapeau refusé mais je me demande ce que sa réponse va changer ?

      Je me demandais bien où on allait prendre cet argent pour combler le vide laisser par les primes qu’on avait payé et j’ai la réponse. Nous ne souffrons pas assez des coupures d’eau et d’électricité qu’il a fallu que le prix du carburant grimpe dans les stations et aussi celui de la bouteille de gaz de 12,5kg. Si à Yaoundé le gaz coutait 6000 et qu’il va passer à 6500F maintenant, à Bamenda il y a belle lurette qu’il coute 7500f et plus. Résultat nous allons contribuer à combler le vide des caisses. Pour nous rassurer, les membres du ministère du commerce nous garantissent qu’ils feront des descentes pour veiller à ce que les prix ne grimpent pas, c’est une blague et nous y sommes habitués. désormais faudra débourser 1000f de plus pour se rendre à Yaoundé. Le trajet Bamenda- Yaoundé coûte désormais 6000 fcfa, le taximan n’accepte plus 100f pour une destination et ce n’est que le début.

      Une grève illimitée des transporteurs était annoncée le 7 juillet et concernait tous les secteurs camionneurs, taximen et moto-taximen. Parmi les réclamations il était  aussi prévu « une colère de 72 heures » pour l’humiliation faite au peuple camerounais en Coupe du monde par la sélection de football. »  . S’il y avait vraiment eu grève je me serais attendu une fois de plus à un remake du 28 février 2008 et là je me serais attendue à ce que le Président s’adresse enfin, directement, aux apprentis-sorciers qui reviennent du Brésil.

       

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      17. juin
      2014
      Environnement
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      Une vie sans emballages plastiques

      emballage papier

      Il y a des formes de colonisation dont on prend conscience seulement au moment où elles disparaissent. L’emballage plastique en fait partie. Avant que le gouvernement ne pense à interdire l’usage des emballages plastiques non biodégradables, je ne réalisais pas la place qu’ils tenaient dans ma vie. Je me souviens de ce documentaire qui parlait du même sujet dans un pays africain. Il parlait de l’interdiction du « Léda », qui signifie plastique en langue fufuldé utilisée dans la partie septentrionale du Cameroun. Quand on parlait de la fin de l’usage des emballages plastiques non biodégradables au Cameroun en avril 2014, je croyais cette date très lointaine, mais voilà nous y sommes et ce n’est pas le paradis.
      Le gouvernement est-il conscient de ce qui se passe réellement dans nos vies désormais ? Ici à Bamenda, je dirais que cette décision est venue soulager les commerçants qui, ainsi, économisent l’argent qu’autrefois ils attribuaient à l’achat d’emballages. C’est avec un ton presque moqueur et assuré qu’ils vous disent: « Il n’y a pas les emballages plastiques ». Je suis parfois très remontée contre eux car je leur réponds que « on a interdit un type d’emballages plastiques, pourquoi vous n’achetez pas ce qui est recommandé ? » Et là toutes les raisons du monde sont données : « c’est rare » ; « on n’en trouve pas », « ce n’est pas encore arrivé ici et même à Yaoundé on dit qu’il y a pénurie », « c’est cher ». Cette  dernière raison est, je pense, la raison pour laquelle ils ne veulent pas acheter les nouveaux emballages plastiques : c’est cher. Oui, ne demandez pas à un commerçant qui achetait un paquet de 100 emballages à 100f, de débourser 300 à 500F pour le même nombre de plastiques juste parce que c’est « biodégradable ».


      Bamenda est sans doute une ville plus propre sans plastiques non biodégradables, mais l’hygiène des populations de la ville est menacée. La plupart des aliments sont emballés dans du papier. Vous serez chanceux si on emballe votre marchandise avec du papier journal. Pour les plus malchanceux comme moi vous aurez le choix entre tenir vos achats en main ou les faire emballer avec du papier de ciment. Imaginez ce que cela donne une fois mélangée à la nourriture. Pas étonnant qu’on ait des maladies rares de nos jours. On vous sert de la viande, du poisson, du riz dans la main si vous n’avez pas d’emballage. Le weekend dernier, un jeune célibataire qui avait acheté des cacahuètes a du les mettre dans ses poches de pantalon. Je ne vous parle pas du Tapioca, du couscous, du haricot et tout ce que vous pouvez imaginer. Les fruits coupés en tranches sont exposés ainsi à la poussière, aux crachats, aux mouches, etc.

      Emballages Plastiques
      Emballages Plastiques

      Une rencontre entre les fabricants d’emballages plastiques, les consommateurs et le gouvernement est urgente. On veut bien utiliser les emballages biodégradables mais on n’en voit pas ici à Bamenda. Il faut revoir la distribution de ces emballages dans les dix régions car ce n’est pas parce que les villes de Yaoundé et Douala sont approvisionnées que les 8 autres régions le sont aussi. Il faut également revoir le prix car la pilule a été amère pour moi lors de mon dernier voyage à Yaoundé quand j’ai constaté que l’emballage avec lequel on m’avait servi dans un magasin figurait sur ma facture et à quel prix ? (je préfère le taire).
      Aux commerçants, ne vendez plus si vous ne pouvez pas emballer. Heureusement,  il existe encore des réseaux où l’on peut avoir les anciens emballages, ils nous aident beaucoup pour séparer nos aliments dans le réfrigérateur par exemple. Pour le couscous on nous propose de les emballer avec des feuilles de bananier, mais est ce qu’on voit même ces feuilles sur le marché ? C’est rare et samedi dernier au marché, une maman m’a griffé en arrachant un paquet de feuilles que j’avais en main en négociant le prix. Les seules personnes  qui se sont alignées sans rechigner sont les pharmaciens. C’est dans les pharmacies de Bamenda qu’il vous est possible d’avoir des emballages avec la mention «  biodégradable » et non facturés s’il vous plait. Au gouvernement, je demande le temps que cela prendra pour que cette interdiction touche les autres produits emballés avec du plastique ? Faudra s’attendre à une pénurie d’eau minérale, de gamelles, de bonbons, de biscuits, de récipients, de produits cosmétiques, de chaises, de tentes, de sac « Mbadjock » (sac en plastique pour faire les achats), cuillères, fourchettes et plats jetables, etc ….
      Bref vous pouvez nous imposer toutes les pénuries que vous voulez mais de grâce avant de décider de rendre l’emballage du préservatif biodégradable, assurez-vous qu’ils soient disponibles à temps et partout, sinon nos efforts pour éliminer le VIH/Sida auraient été vains.

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      28. mai
      2014
      medias
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      Je ne suis pas un membre de Boko Haram

      congrès eucharistique du centenaire à Bamenda
      Congrès eucharistique du centenaire à Bamenda

      C’est vrai je vis à Bamenda, une ville proche du Nigeria à la frontière, mais aussi par le nombre important de la population de ce pays qui vit ici, c’est vrai aussi qu’avec tout ce monde on n’arrive plus à distinguer qui est qui. Oui vous pouvez dire que nous sommes aussi Nigérians, car colonisés pas leurs musiques, artistes, films et même Emmanuel TV. Il est aussi vrai que dans la population bororo qui s’est installée ici, il y a des noms musulmans semblables au mien. C’est d’ailleurs aussi vrai que je rêve parfois de faire partie de ce genre de groupe quand je constate toute la souffrance qu’il y a dans le quotidien des Camerounais. Mais bon, l’expression « Cameroun, pays de paix » me rend encore fière et j’abandonne cette idée.

      Je ne comprends toujours pas pourquoi dans tous les conflits il faut violer, enlever, intimider les femmes. Oui toujours nous, le « sexe faible ». Pour atteindre un homme, on passe par sa femme et quand cela ne suffit pas on enlève aussi les enfants. Deux cents jeunes filles enlevées, comme ça. On dirait 200 bonbons ou biscuits qu’un individu pourrait soutirer et mettre dans sa poche, sa mallette ou que sais-je encore. Vous ne pouvez pas me dire qu’un groupe de 200 personnes peut disparaître ainsi ni vu ni connu, c’est quand même étrange. Si le pape François, Michelle Obama et de nombreuses stars ont tenu à prendre part à l’initiative « Bring back our Girls », il n’en demeure pas moins que ces jeunes filles ne sont toujours pas rentrées chez elles.

      La phobie Boko Haram, je le pensais, n’existait qu’à Yaoundé, Bertoua et dans le Nord. Les évènements de ces derniers jours me font de plus en plus réaliser que cela va bien au-delà de ces trois régions que je viens de citer. Loin des blagues que j’entends au quotidien dans les marchés, les taxis et même dans la rue du genre « avec ta barbe comme les gens de Boko Haram là », ou « tes yeux là sont suspects je ne sais pas pourquoi la police cherche les gens de Boko Haram alors que tu leur ressembles ». Boko Haram nous pourrit la vie, et dire que ce chef pour enfoncer le couteau dans la plaie à créer une nouvelle série à la Jack Bauer où il enregistre les épisodes et les distribue un peu partout, c’est révoltant !

      l'une des statue du Centenaire de l'évangélisation à Bamenda
      L’une des statues du Centenaire de l’évangélisation à Bamenda

      Bamenda est en pleine célébration du centenaire de l’évangélisation de l’archidiocèse, de 1913 à 2013, cela fait exactement 100 ans que les populations de la région du Nord-Ouest ont reçu la « Bonne nouvelle ». Au sein de l’Eglise catholique je vous laisse imaginer ce que cela comporte comme déploiement et organisation de la part de toutes les autorités du coin. Tout allait bien et je me disais bénie de célébrer ces 100 ans, j’aurais enfin l’occasion de voir une personnalité de Rome et pourquoi pas le pape (le rêve est permis et même que dans nos rêves on peut faire ce qu’on veut). Heureuse d’interviewer tel ou tel cardinal, telle ou telle Eminence, tel ou tel Monseigneur, autant de grâce à recevoir seulement en une semaine. La célébration du centenaire a commencé le 25 mai dernier et la grande cérémonie de clôture se déroulera le 29 mai, jour de la fête de l’Ascension.

      Nous aurons la crème des invités en ce qui concerne l’Eglise catholique (j’aurais souhaité vous donner le nom de ces personnalités, mais si un membre de Boko Haram me lit, leurs vies sont en danger). Il a fallu que ce groupe s’invite dans notre pays pour que le tourisme baisse, pour que le Cameroun devienne une destination à risque dans les ambassades. Il a fallu que ce groupe pense à enlever les Chinois, nos compatriotes, trois religieux, 200 jeunes filles, il a fallu il a fallu …

      On ne sait toujours pas où se trouvent les trois religieux et même le Saint- Père a dû nous écrire pour dire qu’il espérait un dénouement heureux et rapide de cette situation. Pauvres religieux chrétiens au milieu d’un groupe musulman ? Je pense que dans cette situation Dieu qu’il soit Allah dans un camp et Dieu dans l’autre, est sans doute le seul qui sait comment finira cette histoire. Mon rêve a été brisé et après le briefing avec les journalistes et bien il n’y aura plus d’interviews de ces personnalités, plus de photos, plus de mouvements brusques et bizarres. Tout est désormais une affaire d’Etat et les instructions sont strictes « une fois que nous serons à la cathédrale pour la cérémonie de clôture, les aller et retour cesseront ». On ne sait pas qui est qui et en plus si l’on nous accorde des interviews comment être sûr qu’un membre de Boko Haram ne s’infiltrera pas et pourrait au lieu d’un dictaphone ou d’une caméra, faire exploser une bombe ? On verra ces personnalités mais de loin.

      Réunion de briefiing avec les journalistes de la région du Nord-ouest
      Réunion de briefiing avec les journalistes de la région du Nord-Ouest

      Il faudra tout revoir à cause de Boko Haram. Pas de chance je ne recevrais pas de bénédiction, pas de photos avec des stars de l’Eglise catholique. Quand j’imagine le dispositif sécuritaire qui est mis en place avec aux commandes le Bataillon d’Intervention rapide (BIR) de la ville, je sais que l’atmosphère sera tendue. Et même pour aller aux toilettes, faudra faire un examen personnel de conscience et se demander « devrais-je me lever au risque d’être fouillé, escorté et surveillé ? ».  Je ne suis pourtant pas membre de Boko Haram, mais tout simplement journaliste.

       

       

       

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      21. avril
      2014
      culture
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      Pâques à la prison de Bamenda

      Pendant qu’à Yaoundé c’est l’apparition de Jésus à Odza dans un domicile qui fait l’actualité de la célébration de cette fête de la résurrection, à Bamenda la venue de l’archevêque à la prison a été bien plus qu’un cadeau.

      Vous le savez déjà, il y a près d’une semaine que les agitations se font à Yaoundé où l’on aurait aperçu Jésus. Il paraît même que c’est devenu un vrai lieu de pèlerinage. Désormais, la terre, les cailloux recueillis sur ce lieu est un symbole d’assurance pour les croyants. Si j’écris sur ce sujet, je pense qu’on me traitera de mécréante, donc  je préfère laisser et demander comment fait-on la distinction entre le bon et le mauvais Jésus ? la bonne et la mauvaise apparition ? Bref c’est un autre débat.

      jeune servant de messe à Bamenda
      Jeune servant de messe à Bamenda.

      Un jeune homme servant de messe s’est évanoui pendant l’homélie de l’archevêque. Si cela avait été dans l’une des églises que je connais ici à Bamenda, ou encore à la télévision chez Emmanuel TV, je pense que l’on parlerait de possession et il aurait fallu « parler en langue » pour le délivrer avec un micro s’il vous plaît. Mais c’était juste de la fatigue, il a fallu que je fouille au fond de mon sac pour trouver des bonbons qui l’ont aidé à avoir un peu de force.

      J’arrive à la prison de Bamenda à 9 h 30. Mgr Cornélius Fontem Esua, archevêque de Bamenda y donne une messe pour la fête de Pâques. Première surprise les gardiens me lancent « on n’entre pas en prison avec le pantalon ». Je supplie une gardienne de me donner un bout de tissu pour l’attacher au-dessus de mon pantalon, mais elle n’a rien. Je remercie le ciel d’être « journaliste » comme l’a souligné un des gardiens. La porte s’ouvre et après identification je me retrouve à l’intérieur et devinez quoi ? Avec mon téléphone, vive le 4e pouvoir pour une fois.

      Je traverse la grande cour qui me sépare du lieu de culte et, peu à peu, mes pas ralentissent au fur et à mesure que je croise des groupes de jeunes prisonniers. J’entends à travers les trous des « happy easter Anty » et je me dis « fais attention, tu n’es pas à un défilé de mode, tu es à la prison »  et là, ma démarche ressemble à celle d’une jeune fille qui apprend à marcher avec des talons. Je vous épargne les commentaires désagréables de groupes de prisonniers : des hommes semblables à ceux que je rencontre souvent à Commercial Avenue . Les gardiens sont fascinés, ils rient je suis dans l’arène, la jungle,  à moi de faire preuve de sang-froid pour traverser ce monde.

      grande cour de la prison de Bamenda
      Grande cour de la prison de Bamenda

      Ambiance de quartier

      La cour est grande, il y a des bâtiments où les prisonniers sont classés par ordre de délits. Il y a aussi les cases de mise en quarantaine, des cellules pour femmes. Je remarque un seau de beignets et je demande à qui il appartient ? L’un des membres du personnel me fait remarquer une cafeteria, des champs de canne à sucre, de maïs, des choux. Tout ceci appartient aux prisonniers qui pour l’acquérir doivent écrire une demande au régisseur qui leur attribue un lopin de terre ou une parcelle de terrain pour diverses activités. Ceci est fait dans le but de récompenser ceux qui se comportent bien et de montrer ainsi aux autres prisonniers récalcitrants qu’en suivant le bon exemple, ils peuvent aussi jouir de certaines libertés comme le commerce.

      Hangar de boutique à la prison de Bamenda
      Hangar de boutique à la prison de Bamenda

      Les prisonniers ont diverses activités ludiques comme le chant, la danse, le foot la catéchèse, le ludo. Sur ce dernier jeu je suis un peu sceptique et je demande aux contrôleurs comment ils font pour éviter que ces jeux ne deviennent « le njambo » ? (expression utilisée pour désigner un jeu de cartes ou de ludo qui fait intervenir des paris d’argent). Il me rassure en disant qu’ils créent au sein de chaque cellule des petits comités de discipline « des espions » qui signalent à la hiérarchie ce genre d’activité.

       

      Champ cultivé par des prisonniers à Bamenda
      Champ cultivé par des prisonniers à Bamenda

      La messe de la résurrection des prisonniers

      Les textes bibliques choisis pour la circonstance cadraient avec le milieu carcéral. Jésus est certes mort et ressuscité ce jour, mais l’archevêque demande aux prisonniers de ressusciter pour devenir des « bonnes personnes ». Il leur demande surtout de réfléchir à la question de savoir pourquoi ils se trouvent en prison. S’ils parviennent à trouver la réponse, alors leur vie aura changé. Sept détenus sont baptisés, confirmés et reçoivent le sacrement de la communion avec joie. La chorale chante merveilleusement bien et le maître de chant est si actif qu’il attire mon attention.

      Maitre de chant à la prison de Bamenda
      Maître de chant à la prison de Bamenda

      C’est après une brève présentation que je me rends compte que je suis en compagnie de prisonniers à 90 % dans cette chapelle. Ils sont comme des anges, ils chantent, se mettent à genoux, récitent les prières, exécutent les signes plus que les enfants de chœur. Je me demande « pourquoi sont-ils en prison ?» et un commentaire me ramène à la réalité. Les gardiens m’indiquent de fermer mon sac et une doléance avec une voix très douce me fait sursauter « grande sœur, après le culte tu peux me donner 100 F pour payer le savon et laver mes habits ? ». Je fais le signe de croix, je respire fort et je change de place. Avec ce genre de commentaire, j’avoue que je n’ai plus envie de faire une offrande (Seigneur, je le ferai en semaine sous d’autres cieux, mais ici hein, c’est chaud !).

      Chapelle à la prison de Bamenda
      Chapelle à la prison de Bamenda

      Je viens de constater que l’un des lecteurs du jour qui semble très actif porte des chaînes à ses pieds, le maître de chant de la chorale de la prison est en fait un grand consommateur de drogue dans la prison. Son inspiration lui vient-elle de cette substance ? Je ne veux pas y penser ! Après plus de 3 heures, la messe s’achève. Tout le monde veut se filmer avec l’archevêque, il n’a certainement pas peur de se faire soutirer avec sa robe il est tranquille. Je me décide à sortir de la chapelle et j’entends à nouveau la douce voix « au revoir grande sœur, je t’ai laissé un petit mot dans ton sac ».

      Prisonnier et assistance à la chapelle de la prison
      Prisonniers et assistance à la chapelle de la prison

      Mon sac ? Il était bien fermé pourtant et je le serrais contre mon corps de peur de me le faire arracher comme dans la rue ? Je repense aux signes du gardien qui m’indiquaient de fermer mon sac. Il était passé dans mon sac et je ne m’en étais même pas aperçue. Je crois à un mot gentil ? D’amour, c’est trop beau pour être vrai plutôt une liste de doléances bien rédigées avec un numéro de téléphone et le nom du prisonnier. « Mon frère ta liste là hein, si tu sais que moi-même je n’ai pas souvent l’argent pour acheter du détergent pour laver mes habits tu vas wanda. Oublies que je suis sur mon 31 papa, je suis paumée ».

      Prisonniers baptisés à Bamenda
      Prisonniers baptisés à Bamenda

      Un menu difficile à digérer

      À la fin de la messe, nous nous rendons dans une salle aménagée pour une réception express. En repensant à la main de ce prisonnier dans mon sac, j’avoue que je n’ai plus faim. Je découvre une école et surtout le maître qui est ravi que je le prenne en photo. A l’entrée de la salle de classe, on peut voir des affiches avec des inscriptions parmi lesquelles « No pidgin », une phrase sur la paix et la justice. En classe, les prisonniers, surtout les mineurs reçoivent des enseignements divers.

      l'Archevêque à la confirmation
      L’archevêque à la confirmation
      Enseignant à l'école de la prison de Bamenda
      Enseignant à l’école de la prison de Bamenda

      Ce qui me coupe définitivement l’appétit est quand on me raconte ce qu’était la vie ici avant. Il était difficile de se rendre dans cette prison sans se faire dérober quelque chose par les prisonniers et ni vu, ni connu. Ils mangeaient mal et les conditions de vie étaient difficiles si bien qu’ils traduisaient leur souffrance par la violence. C’est pour leur bien-être que l’archevêque a instauré dans son programme et les actions de l’Eglise catholique à Bamenda, un aspect sur l’assistance chrétienne en milieu carcéral. Cela semble marcher, car depuis ce partenariat, le niveau de vie des prisonniers a changé et ils ont tenu à remercier l’archevêque en lui offrant des cadeaux de leur création.

      affiche à l'école de la prison de Bamenda
      Affiche à l’école de la prison de Bamenda
      photos
      Photos
      l'Archevêque avec les prisonniers baptisé
      L’archevêque avec les prisonniers baptisés

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       

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      30. mars
      2014
      culture
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      Ces choses que l’on fait pour avoir la peau blanche

      source; Google
      source; Google

      L’Afrique est riche, j’entends de nombreuses personnes le dire, et je pense que je vais adhérer à cette idée. Elle est riche mais je ne sais pourquoi la peau noire est comme une malédiction. Je ne pense pas que j’ai besoin de me justifier y a qu’à voir comment on traite les blancs chez nous, ils peuvent être clochards chez eux, mais une fois chez nous on leur déroulera le tapis rouge. Les filles brunes sont très convoitées, même si elles sont laides. J’ai été très agacée lorsque j’étais encore une élève de voir comment elles avaient tous les avantages. J’ai trouvé la solution, il me suffisait d’imaginer une fille brune avec une peau noire, et là je la trouvais laide. Je ne mentirais pas si je vous disais que les filles brunes valent plus chères que les filles noires (demandez aux ressortissants de la ville de Dshang). J’ai eu l’audace de demander un jour à une amie Bamoun pourquoi la plupart des femmes de cette tribu aimaient s’éclaircir la peau ?elle m’a répondu « parce que les femmes brunes coûtent cher et les hommes les convoitent beaucoup ».

      On leur a donné de ces noms « couleur taxi», « koki », « white », « la blanche », etc. un homme qui sort  avec une femme brune sait qu’il a au moins un budget de 15000f minimum à débourser par mois pour son lait corporel. Pour nous les femmes noires, nous sommes « moins chères », nous ne sommes pas obligées d’utiliser un lait corporel « l’huile de palmiste c’est suffisant ».

      Depuis que je suis à Bamenda, je constate que les femmes de cette ville et même les hommes, aiment s’éclaircir la peau. Vous n’imaginez pas les mélanges qu’elles font ici et le prix. J’ai du me méfier des vendeurs de produits cosmétiques. Ils trouvent le moyen de vous vendre une lotion éclaircissante à ajouter à votre lait pour « laver votre peau » comme si vous ne le faites pas bien. Des crèmes éclaircissantes mixées ça et là, des savons à ajouter au lait corporel, des sérums, des lotions, tous portent la mention « éclaircissant ». Je vous épargne la suite qui vous rassure que vous vous éclaircirez à l’aide de fruits, de produits naturels, d’extraits de plantes, etc. Avec ça ne soyez pas étonnez de voir une fille de Bamenda au magnifique visage, ou décolleté, et qu’en regardant ses mains ou ses articulations, vous les trouvez plus sombres. Je vous épargne des odeurs corporelles qu’elles dégagent avec ça quand vous vous retrouvez assise près de l’une d’elles et que les vitres du taxi sont complètement fermées « SOS ».

      L’une de mes voisines est décédée dernièrement, elle était noire et avait commencé à s’éclaircir la peau. Elle était devenue si rose qu’on pouvait apercevoir ses veines. Elle s’est blessée suite à un accident de moto et n’a pas pu cicatriser tellement sa peau était « poncée ». C’est une folie, je ne comprends pas qu’une fille noire veuille devenir brune, une fille brune veuille devenir métisse, une métisse veuille devenir blanche. Nous nous sommes longtemps moqués des changements de peau de Michael Jackson, pourtant nous avons des comme lui à côté de nous et plus effrayants encore.

      Ma dernière trouvaille en la matière vient du Sénégal. Je croyais avoir tout vu avec les « Bine-bine » Internet et autres que non. Les Sénégalaises s’éclaircissent avec du sperme. Parait qu’elles le trouvent  plus efficace et moins coûteux. Je vois déjà vos yeux s’ouvrir ici mais c’est vrai. Les hommes donneront volontiers leur sperme pour cette cause je le sais, vu que cela procure du plaisir. Ce précieux liquide ne sert plus qu’à procréer, faut désormais que des milliers de spermatozoïdes contribuent aussi à « la beauté ».Pour se dépigmenter la peau, cela marche en moins de 15 jours et les femmes mariées sont gâtées car elles ont ce ravitaillement à domicile et gratuit en plus.Après avoir recueilli le précieux liquide, elles se recouvrent le corps avec pour certaines, et pour d’autres elles l’avalent, beurk !vous direz mais c’est vrai. Elles le surnomment en langage secret « T.A.B ». Elles trouvent que c’est un moyen sur, sans produit chimique, ni effet secondaire, le sperme est naturel et très riche. Ne me demandez pas les formules, je n’en sais rien cela ne m’intéresse pas. Tout ce que je peux dire c’est que les femmes sont vicieuses et prêtent à tout pour la beauté, pour devenir blanches. Et en poussant ma réflexion je dirais que cette mode sénégalaise serait partie d’une femme désespérée qui, suite à des recommandations tordues d’un marabout, s’est retrouvée à faire cela en guise de charme ou que sais-je encore pour gagner les faveurs de son partenaire. Et le hasard faisant de bonnes choses, elle a vu son teint changé.

      Une information très intéressante que vous découvrirez sans doute en lisant le magazine Amina N°522.

       

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      10. mars
      2014
      société
      2

      Avec Maureen, le sourire est éternel

      Maureen Phiri
      Maureen Phiri

      Elle est sexy avec des bas, une mini jupe et des chaussures à la Lady Gaga. Maureen est arrivée dans la salle du Palais des Congrès à l’occasion de la 6e conférence sur les droits sexuels et la santé reproductive. Cette jeune fille très élégante, mais très accessible a décidé de garder le sourire et de le redonner aux autres, voici comment.

      « Je suis Maureen Phiri de l’association Family Planning du Malawi, j’ai 17 ans et je suis une élève. Jai choisi de venir au Cameroun dans le cadre de cette 6e conférence sur les droits sexuels et la santé reproductive car je sais qu’il y a de nombreuses personnes qui ne croient pas que le VIH/sida existe. Il y a aussi des jeunes personnes qui nient l’existence de cette maladie ou qui se cachent. Ils n’ont pas de bonnes informations sur comment se prendre en main, ils n’ont pas de support. C’est pourquoi j’ai choisi de me lever et de me montrer pour que les gens me connaissent et sachent que cette maladie existe. Je veux encourager les jeunes à aller se faire dépister. Ainsi , ils sauront s’ils sont positifs et ils apprendront à vivre positivement. Nous sommes quatre dans la famille et je suis la deuxième. Deux d’entre nous sont infectés : moi et le dernier-né. Je ne sais pas pourquoi c’est ainsi, mais chaque fois que j’essaie de parler de ce sujet avec ma mère, elle refuse de me répondre et semble ne pas être intéressée.

      Je pense le premier problème qu’elle a c’est celui de la religion. Ma mère croit en Dieu et ne veut pas parler de sexualité avec nous, avec moi surtout de VIH/sida elle n’y croit pas. Elle est séropositive et prend des médicaments. Mon père est mort en décembre 2013. Il était aussi malade et souffrait de tuberculose. Ce n’est pas facile de vivre cette situation avec le VIH et cela ne le sera jamais.  Ce qui est important pour moi, , c’est de savoir combien ma vie est importante, est- ce que je veux vivre ou non. Moi j’ai décidé de valoriser ma vie, car je veux vivre. J’ignore tout ce qui peut m’arriver et je positive et je sais qu’il y a des personnes plus vieilles que moi qui ne parviennent pas à positiver. Certaines sont stressées, ne prennent pas de médicaments, tentent de se suicider. Moi j’ai choisi d’accepter mon  sort et surtout de vivre positivement. La discrimination est ce qui pousse la plupart des personnes à refuser la réalité. En observant cela, je voulais briser le silence et partager mon secret avec les autres. Je me suis ouverte à pas mal d’organisations et j’ai décidé de les aider à lutter contre le sida et c’est dans ce cadre que je suis au Cameroun. J’ai décidé de parler à visage nu parce que j’ai envie d’être libre.  J’ai eu tout ce que vous pouvez imaginer, j’ai été rejetée, j’ai eu peur, j’étais dans l’ombre ,mais j’ai décidé d’être dans la lumière et me voici. Je suis heureuse car j’ai un petit ami qui connaît mon état. Nous ne sommes pas encore allés faire son test, nous avons décidé de nous abstenir jusqu’au mariage, nous sommes tous les deux chrétiens. Nous pouvons avoir des moments intimes à deux avec des attouchements, mais quand arrive le moment de franchir le pas ou d’être tentés, on ne franchit jamais cette limite. Je suis là pour le protéger, même s’il veut aller loin je ne l’accepterais pas, c’est la base de notre relation. Depuis que j’ai parlé de mon cas, de nombreuses personnes me soutiennent dans mon église, mes voisins, ma  communauté, mon groupe. Certains ont parlé de mon moi dans la plupart des médias et d’autres ont cru et croient toujours que je suis folle, comme si je ne savais pas ce que je faisais. 

      Maureen Phiri
      Maureen Phiri

      Certains chrétiens me disaient que je n’avais pas la foi. J’ai arrêté de prendre les médicaments, j’allais aux séances de prières et rien ne changeait, je devenais de plus en plus malade. Je perdais encore plus de poids et même aujourd’hui je n’ai pas repris mon poids d’auparavant. Je souffre de tuberculose tout comme ma mère. C’est vrai qu’il m’est difficile de gérer mon emploi de temps avec celui de l’école, mais je suis contente d’être ici et de savoir que je serais à l’origine du changement de vie de quelqu’un n’importe où. J’aime partager et voir ce qui se passe ailleurs. Je mène d’autres activités comme parler de sexualité aux jeunes de mon groupe, même s’ils me regardent méchamment la plupart du temps. Je suis prête à affronter tout, car cela est réel, quoiqu’il arrive je vis avec le VIH et cela ne changera pas. Vivre avec le VIH, aujourd’hui c’est comme vivre avec d’autres maladies. Vous avez peut-être peur de savoir si vous êtes ou non porteur du VIH, mais il est mieux de le savoir.  Et si le test est positif, ne pensez pas au suicide, mais plutôt à une nouvelle vie avec plus de précautions. Vous pouvez vivre une vie positive, garder le sourire, la joie sur votre visage et dans votre vie naturellement ».

      Maureen Phiri
      Maureen Phiri

       

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      26. févr.
      2014
      culture
      0

      Jaloud et sa camera en guise d’arme.

      Jaloud Tangui, jeune réalisateur nigérien
      Jaloud Tangui, jeune réalisateur nigérien

      Il est étudiant en réalisation audiovisuelle  à l’IFTIC 3ème année licence. Âgé de 22ans, il a décidé de consacrer sa vie à lutter contre le viol, le mariage forcé et précoce dans son pays. Pour le faire, il n’a pas cherché, loin car si un adage dit qu’une image vaut mille mots, pour Jaloud « un documentaire vaut mille campagnes de sensibilisation.

      1-      J’aimerais bien savoir qui tu es car ce nom Tangui ressemble à un label d’eau minérale ici au Cameroun ?

      Je suis  Jaloud Zainou Tangui, nigérien issu d’une famille nomade de Touareg. Je suis né en ville et j’ai vécu avec mes parents en ville. J’ai fais le secondaire dans une école militaire. Après le bac, j’ai rejoins un institut spécialisé en TIC. J’ai 2 frères et 4 sœurs.

      2-      Pourquoi avoir choisi de parler de ces sujets alors que tu n’es pas une femme?

      La croissance démographique du Niger est plus grande que la croissance économique ce qui fait que l’Etat est obligé de passer du temps à investir sur la natalité. J’ai pensé qu’en faisant dans la communication pour le développement avec mes outils de communication je  pourrais faire passer les messages. Il est question pour moi de sensibiliser les gens que le viol  et le mariage précoce cause de la fistule obstétricale.

      3-      Les gens adhèrent-ils facilement à ce genre de combat ?

      Pas du tout parce que la plupart des gens chez moi se servent de la religion pour répondre et justifier leurs actes (90% de la population au Niger est  musulmane). Je continue à me battre  parce que j’aime faire ce que je fais la communication audio visuelle et c’est le seul moyen dont je dispose pour toucher les autres.

      4-      Pourquoi  avoir choisi ces sujets ?

      Parce que c’est le principal problème de la pauvreté au Niger (d’après UNFPA Niger). Si l’Etat n’investit que sur la natalité, la mortalité et tout ce qui touche ce domaine, le pays n’évoluera jamais car les autres domaines de développement auront toujours du retard.

      5-      Comment trouves-tu les financements  pour faire tes documentaires?

      Ce n’est pas facile, je l’avoue comme toute chose d’ailleurs dans la vie. Mais comme j’ai le matériel  et je me suis formé,  j’ai pu réaliser le documentaire sur la mortalité au Niger. J’aimerais tourner celui sur le viol et le mariage précoce donc  je recherche des partenaires.

      6-      Depuis que tu fais passer le message est ce que les choses ont changé ?

      Oui, quand cela passe dans les médias les gens sont touchés et réceptifs. Je suis chanceux car la plupart de mes proches sont scolarisés et dans ma famille il n’y a pas eu ce genre de cas. Mon entourage pense souvent que c’est juste une façon pour nous de refuser que nos filles se marient. Il arrive qu’on nous traite parfois d’ «  ethno centristes » juste parce qu’on ne veut pas suivre  ce genre d’idées. Je compte continuer dans cette lancée car plus le temps passe plus j’ai  le courage d’affronter ce qui viendra.

      7-      Que recherchais-tu en venant à cette conférence  sur les droits en santé sexuelle au Cameroun ?

      J’ai voulu toucher d’autres problèmes et d’autres réalités. J’avoue que j’aime le brassage car il y a beaucoup de nationalités et c’est un plaisir de voir des gens ressortir des pays que l’on a l’habitude de voir seulement sur la carte. J’aimerais bien travailler avec d’autres nationalités car on a les mêmes les problèmes en Afrique et nous devons mener les mêmes combats.

      8-      As-tu un souhait ?

      «Je voudrais que tous les médias passent ce genre de messages tous les jours. Que ces messages passent comme on le fait avec les publicités, pour sensibiliser les gens et être sur que chacun d’eux a eu à voir la campagne. C’est un problème humain réel et je trouve que tout le monde devrait s’impliquer et surtout les médias ».

       

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      05. févr.
      2014
      culture
      14

      Femmes et filles élevez vos voix

      Mariama témoigne
      Mariama témoigne

      J’assiste depuis trois jours déjà à la 6e conférence sur les droits en matière de santé sexuelle. Cette rencontre qui a lieu du 3 au 7 février au Palais des congrès de Yaoundé, réunit des représentants de diverses organisations nationales et internationales qui œuvrent pour le bien-être des filles et des femmes.

      C’est un panel de spécialistes en la matière qui viennent du Nigeria, du Niger, d’Ouganda, du Burundi, Cameroun, Rca, Tchad, Sénégal, Niger, Ghana, l’Australie, le Kenya, le Zimbabwe, la Zambie, les Etats-Unis, la France. Il est question d’ « éliminer les vulnérabilités des femmes et des filles à la santé sexuelle et reproductive en Afrique ».

      Bon pas besoin de vous dire comment une conférence de ce genre se déroule, vous le savez. Je veux vous parler de Mariama. C’est la fête de la jeunesse le 11 février au Cameroun, Mariama est jeune elle a 16 ans. On a célébré la journée mondiale contre les mutilations génitales, Mariama a subi une violence plutôt. On va célébrer toujours ce même mois de février la fête des amoureux, Mariama n’a pas d’amoureux, mais a un enfant, bizarre non ? En mars, le 8 on célèbrera également la journée internationale de la femme, Mariama est appelée à devenir une femme et toutes les femmes devraient s’indigner de ce qu’elle a subi.

      Je fais la connaissance de Mariama le premier jour à la conférence dans le hall réservé aux différentes présentations. J’avoue que même vous l’auriez remarquée avec son pagne qui couvre les orteils et celui qui couvre son visage. Ça on le remarque vite vu comment les gens s’habillent quand ils vont à une conférence.

      Le deuxième jour ce qui attire encore mon attention, c’est lorsqu’elle éclate en sanglots au restaurant. Mariama pleurait et il n’y avait que la délégation venue avec elle du Niger qui pouvait nous dire ce qui se passait. Mariama était triste, car c’était la première fois qu’elle quittait son pays et tout ce qu’on pouvait dire ne pouvait faire sécher les larmes du volcan qui sommeillait au fond d’elle. Ce volcan était entré en éruption ce jour-là, il fallait que les larves sortent.

      C’est le mercredi que j’ai pu savoir ce que je vais vous narrer.

      Mariama, 16ans
      Mariama, 16ans

      Mariama vient du Niger et parle Haoussa. Elle a décidé d’assister à la conférence pour faire son témoignage et inviter les autorités compétentes à « lutter avec moi pour qu’aucune fille ne subisse ce que j’ai subi ».

      Lorsqu’elle avait 13 ans, un jour sur le chemin du retour à la maison, elle rencontre le nommé Moubarak. Il l’interpelle et lui demande de l’emmener chez elle, elle refuse. Par la suite il la suit et retrouve sa maison avec le concours des amis de Mariama. Elle en colère  gronde ses amis. Les jours suivants ils se rencontrent souvent et se saluent. Un jour, Moubarak l’invite à prendre du thé chez lui. Elle accepte l’offre et boit du thé. Elle vide la tasse et se rend compte qu’elle a perdu ses forces et s’endort. À son réveil, couvert de sang, elle se rhabille et se rend chez sa grande sœur pour lui faire part de la situation. Sa grande sœur la rue de coups. Après un long moment de pleurs, elle décide de rentrer. Une fois à la maison, elle fait sa toilette, se change et ne dit rien à ses parents tellement elle a peur de leur réaction.

      Les jours passent et Mariama ne se rend pas compte que son corps change. Un jour elle a tellement mal que sa mère décide de l’emmener à l’hôpital. C’est à ce moment qu’elle apprend qu’elle est enceinte de  trois mois. De retour à la maison et tout au long du trajet, sa mère la couvre d’injures aussi dénigrantes les unes que les autres. Elle la frappe et apprend la nouvelle a son père qui fait de même et avec le village, la considère comme persona non grata. Elle leur raconte ce qui s’est passé et le père demande à rencontrer Moubarak. Ce dernier reconnaît les faits et est traduit devant les tribunaux. Il purge une peine de 7 mois en prison et est relâché quand l’enfant naît. Moubarak sous la pression de l’Etat, signe un engagement qui exige qu’il doit verser 10 000F chaque mois à Mariama pour l’enfant. Il verse la somme conclue pendant 6 mois et disparait. La famille de Mariama la rejette. Elle n’avait pas droit au repas et était isolée. Elle décide de chercher du travail en ville comme bonne et les jours où elle ne trouvait pas de travail, elle ramassait du bois en brousse et revendait pour se nourrir ainsi que son enfant.

      Après quelques mois le père de Mariama revient la voir et décide de la soutenir mais lui demande d’aller rester dans un autre village. Une fois dans le village, elle fait la rencontre d’une dame qui travaille au Fnuap. Cette dame s’occupe de sa scolarité et de tous ses besoins. Entre temps, la famille de Moubarak réapparaît et émet le vœu de prendre l’enfant de Mariama pour s’en occuper. Ce que la jeune fille refuse. Mariama ne va pas en cours ce jour-là, s’enfuit avec son enfant et va cacher la petite chez sa grande sœur aînée qui vit dans un village éloigné de celui de leurs parents.

      Aujourd’hui Mariama est en classe de 5e et sa fille a 2 ans. Elle a décidé de venir faire ce témoignage pour que cela cesse. « Je veux qu’aucune fille ne subisse ce que j’ai subi et je veux que vous m’aidiez à soutenir cette cause ».

      Après ça, j’ai compris pourquoi elle pleurait ce jour-là.

      Elle a reçu des félicitations de toutes les personnes présentes dans la salle et elle est désormais engagée dans cette lutte. Et vous, pour quelle cause serez-vous un leader pour vos filles, pour vos femmes.

       

       

       

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      Mes coups de griffes

      Auteur·e

      L'auteur: Salma
      Salma est Camerounaise et journaliste, formée à l'ESSTIC. Elle a été reporter pendant 10 ans pour le mensuel sur la santé des adolescents «100% jeune». Elle a également travaillé pour le magazine sur l'environnement «Together». Sur la toile, elle a travaillé pour des sites comme Goducamer.com, cameroon-info.net, Mboablog, Kamerhiphop, reglo.org. Elle est une passionnée par l'écriture en ligne. Actuellement à Bamenda, elle est journaliste à la Radio Evangelium. Elle continue à évoluer dans la presse écrite en tant que correspondante pour des parutions telles que «Horizons 2035» et «Musiki».

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