Une vie sans emballages plastiques

17 juin 2014

Une vie sans emballages plastiques

emballage papier

Il y a des formes de colonisation dont on prend conscience seulement au moment où elles disparaissent. L’emballage plastique en fait partie. Avant que le gouvernement ne pense à interdire l’usage des emballages plastiques non biodégradables, je ne réalisais pas la place qu’ils tenaient dans ma vie. Je me souviens de ce documentaire qui parlait du même sujet dans un pays africain. Il parlait de l’interdiction du « Léda », qui signifie plastique en langue fufuldé utilisée dans la partie septentrionale du Cameroun. Quand on parlait de la fin de l’usage des emballages plastiques non biodégradables au Cameroun en avril 2014, je croyais cette date très lointaine, mais voilà nous y sommes et ce n’est pas le paradis.
Le gouvernement est-il conscient de ce qui se passe réellement dans nos vies désormais ? Ici à Bamenda, je dirais que cette décision est venue soulager les commerçants qui, ainsi, économisent l’argent qu’autrefois ils attribuaient à l’achat d’emballages. C’est avec un ton presque moqueur et assuré qu’ils vous disent: « Il n’y a pas les emballages plastiques ». Je suis parfois très remontée contre eux car je leur réponds que « on a interdit un type d’emballages plastiques, pourquoi vous n’achetez pas ce qui est recommandé ? » Et là toutes les raisons du monde sont données : « c’est rare » ; « on n’en trouve pas », « ce n’est pas encore arrivé ici et même à Yaoundé on dit qu’il y a pénurie », « c’est cher ». Cette  dernière raison est, je pense, la raison pour laquelle ils ne veulent pas acheter les nouveaux emballages plastiques : c’est cher. Oui, ne demandez pas à un commerçant qui achetait un paquet de 100 emballages à 100f, de débourser 300 à 500F pour le même nombre de plastiques juste parce que c’est « biodégradable ».


Bamenda est sans doute une ville plus propre sans plastiques non biodégradables, mais l’hygiène des populations de la ville est menacée. La plupart des aliments sont emballés dans du papier. Vous serez chanceux si on emballe votre marchandise avec du papier journal. Pour les plus malchanceux comme moi vous aurez le choix entre tenir vos achats en main ou les faire emballer avec du papier de ciment. Imaginez ce que cela donne une fois mélangée à la nourriture. Pas étonnant qu’on ait des maladies rares de nos jours. On vous sert de la viande, du poisson, du riz dans la main si vous n’avez pas d’emballage. Le weekend dernier, un jeune célibataire qui avait acheté des cacahuètes a du les mettre dans ses poches de pantalon. Je ne vous parle pas du Tapioca, du couscous, du haricot et tout ce que vous pouvez imaginer. Les fruits coupés en tranches sont exposés ainsi à la poussière, aux crachats, aux mouches, etc.

Emballages Plastiques
Emballages Plastiques

Une rencontre entre les fabricants d’emballages plastiques, les consommateurs et le gouvernement est urgente. On veut bien utiliser les emballages biodégradables mais on n’en voit pas ici à Bamenda. Il faut revoir la distribution de ces emballages dans les dix régions car ce n’est pas parce que les villes de Yaoundé et Douala sont approvisionnées que les 8 autres régions le sont aussi. Il faut également revoir le prix car la pilule a été amère pour moi lors de mon dernier voyage à Yaoundé quand j’ai constaté que l’emballage avec lequel on m’avait servi dans un magasin figurait sur ma facture et à quel prix ? (je préfère le taire).
Aux commerçants, ne vendez plus si vous ne pouvez pas emballer. Heureusement,  il existe encore des réseaux où l’on peut avoir les anciens emballages, ils nous aident beaucoup pour séparer nos aliments dans le réfrigérateur par exemple. Pour le couscous on nous propose de les emballer avec des feuilles de bananier, mais est ce qu’on voit même ces feuilles sur le marché ? C’est rare et samedi dernier au marché, une maman m’a griffé en arrachant un paquet de feuilles que j’avais en main en négociant le prix. Les seules personnes  qui se sont alignées sans rechigner sont les pharmaciens. C’est dans les pharmacies de Bamenda qu’il vous est possible d’avoir des emballages avec la mention «  biodégradable » et non facturés s’il vous plait. Au gouvernement, je demande le temps que cela prendra pour que cette interdiction touche les autres produits emballés avec du plastique ? Faudra s’attendre à une pénurie d’eau minérale, de gamelles, de bonbons, de biscuits, de récipients, de produits cosmétiques, de chaises, de tentes, de sac « Mbadjock » (sac en plastique pour faire les achats), cuillères, fourchettes et plats jetables, etc ….
Bref vous pouvez nous imposer toutes les pénuries que vous voulez mais de grâce avant de décider de rendre l’emballage du préservatif biodégradable, assurez-vous qu’ils soient disponibles à temps et partout, sinon nos efforts pour éliminer le VIH/Sida auraient été vains.

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Commentaires

Ulrich Tadajeu
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Tu devrais ajouter "Bamenda et Dschang" parce que la réalité décrite n'est pas différente de celle vécue ici à Dschang hein!!! Bel article Salma!

Bernie
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Si tout le monde avait son sac en tissu bien solide, ou sa petite boîte pour mettre les achats qui s'éparpillent, les emballages seraient "presque" inutiles. C'est au citoyen de régler ce problème en se disciplinant et pas aux commerçants.