Jaloud et sa camera en guise d’arme.

26 février 2014

Jaloud et sa camera en guise d’arme.

Jaloud Tangui, jeune réalisateur nigérien
Jaloud Tangui, jeune réalisateur nigérien

Il est étudiant en réalisation audiovisuelle  à l’IFTIC 3ème année licence. Âgé de 22ans, il a décidé de consacrer sa vie à lutter contre le viol, le mariage forcé et précoce dans son pays. Pour le faire, il n’a pas cherché, loin car si un adage dit qu’une image vaut mille mots, pour Jaloud « un documentaire vaut mille campagnes de sensibilisation.

1-      J’aimerais bien savoir qui tu es car ce nom Tangui ressemble à un label d’eau minérale ici au Cameroun ?

Je suis  Jaloud Zainou Tangui, nigérien issu d’une famille nomade de Touareg. Je suis né en ville et j’ai vécu avec mes parents en ville. J’ai fais le secondaire dans une école militaire. Après le bac, j’ai rejoins un institut spécialisé en TIC. J’ai 2 frères et 4 sœurs.

2-      Pourquoi avoir choisi de parler de ces sujets alors que tu n’es pas une femme?

La croissance démographique du Niger est plus grande que la croissance économique ce qui fait que l’Etat est obligé de passer du temps à investir sur la natalité. J’ai pensé qu’en faisant dans la communication pour le développement avec mes outils de communication je  pourrais faire passer les messages. Il est question pour moi de sensibiliser les gens que le viol  et le mariage précoce cause de la fistule obstétricale.

3-      Les gens adhèrent-ils facilement à ce genre de combat ?

Pas du tout parce que la plupart des gens chez moi se servent de la religion pour répondre et justifier leurs actes (90% de la population au Niger est  musulmane). Je continue à me battre  parce que j’aime faire ce que je fais la communication audio visuelle et c’est le seul moyen dont je dispose pour toucher les autres.

4-      Pourquoi  avoir choisi ces sujets ?

Parce que c’est le principal problème de la pauvreté au Niger (d’après UNFPA Niger). Si l’Etat n’investit que sur la natalité, la mortalité et tout ce qui touche ce domaine, le pays n’évoluera jamais car les autres domaines de développement auront toujours du retard.

5-      Comment trouves-tu les financements  pour faire tes documentaires?

Ce n’est pas facile, je l’avoue comme toute chose d’ailleurs dans la vie. Mais comme j’ai le matériel  et je me suis formé,  j’ai pu réaliser le documentaire sur la mortalité au Niger. J’aimerais tourner celui sur le viol et le mariage précoce donc  je recherche des partenaires.

6-      Depuis que tu fais passer le message est ce que les choses ont changé ?

Oui, quand cela passe dans les médias les gens sont touchés et réceptifs. Je suis chanceux car la plupart de mes proches sont scolarisés et dans ma famille il n’y a pas eu ce genre de cas. Mon entourage pense souvent que c’est juste une façon pour nous de refuser que nos filles se marient. Il arrive qu’on nous traite parfois d’ «  ethno centristes » juste parce qu’on ne veut pas suivre  ce genre d’idées. Je compte continuer dans cette lancée car plus le temps passe plus j’ai  le courage d’affronter ce qui viendra.

7-      Que recherchais-tu en venant à cette conférence  sur les droits en santé sexuelle au Cameroun ?

J’ai voulu toucher d’autres problèmes et d’autres réalités. J’avoue que j’aime le brassage car il y a beaucoup de nationalités et c’est un plaisir de voir des gens ressortir des pays que l’on a l’habitude de voir seulement sur la carte. J’aimerais bien travailler avec d’autres nationalités car on a les mêmes les problèmes en Afrique et nous devons mener les mêmes combats.

8-      As-tu un souhait ?

«Je voudrais que tous les médias passent ce genre de messages tous les jours. Que ces messages passent comme on le fait avec les publicités, pour sensibiliser les gens et être sur que chacun d’eux a eu à voir la campagne. C’est un problème humain réel et je trouve que tout le monde devrait s’impliquer et surtout les médias ».

 

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