Salma Amadore

Au Cameroun on frôle la catastrophe

Il y a une pénurie de la plupart des denrées prisées sur le marché, les populations souffrent en silence malgré les propos rassurants des autorités en charge de ces secteurs.

Depuis quelques temps le gaz domestique, le sucre et le maquereau manquent dans certaines villes du Cameroun, à Douala et Yaoundé particulièrement. Il y a quelques années c’étaient la banane et le « bifaga* » qui disparaissaient ou étaient victime de la flambée des prix sur le marché.Pour le gaz, c’est surtout celui de la société SCTM qui est de plus en plus rare. Il est passé de 5000F il y a deux ans à 6000F et maintenant avec la pénurie fictive il coûte dans les 7000 à 7500F et est vendu par affinité.

Il y a moins de deux mois les forces de l’ordre ont mis la main sur un groupe qui divisait le contenu de bouteille en deux pour les revendre au même prix qu’une bouteille pleine. Les ménages se plaignaient du fait que les bouteilles de gaz étaient légères et parvenaient à peine à cuire le repas pendant deux semaines. Les malfrats ont été mis sous les verrous mais d’autres groupes continuent d’opérer dans l’ombre.

Le sucre quant à lui est rare qu’il soit en carré ou en poudre. Cet or blanc est vendu par voie de réseaux et selon la croyance populaire on ne vend pas plus de deux boîtes à une personne. Et même dans ces réseaux il coûte 800 à 900F. Les commerçants se sucrent en utilisant des fausses balances qui affichent de faux kilos et c’est à prendre ou à laisser. Le ministre a annoncé hier que du sucre en provenance de Douala serait mis en circulation dans le pays et aussi 20.000 tonnes sont attendues vendredi. Toute personne qui serait victime d’une quelconque escroquerie de la part des vendeurs est priée de les dénoncer.

Un container de maquereaux stocké dans une chambre froide à Douala a été saisi la semaine passée et liquidé aux populations sur place par les autorités. Cela fait plus d’un mois que ce chouchou des menus familiaux a disparu des congélateurs de poissonnerie, laissant dans la détresse les mamans, les vendeuse à la braise et les propriétaires de restaurants. Le kilogramme est passé de 800F à 1300F voire 1400F. La plupart d’entre elles se sont rabattues sur d’autres variétés de poisson comme le Bar, le capitaine, etc. Il réapparaît timidement mais toujours aussi cher qu’auparavant.

Aux dernières nouvelles on parle du riz qui serait entré dans la danse à ce rythme là que va-t-il nous rester à manger ?


Ebolowa by night

La capitale du sud Cameroun en attendant le prochain Comice Agro-Pastoral montre un autre visage du Carrefour baptisé « An 2000 » la nuit. Ebolowa, carrefour « tamzou » il est 18h30. Les derniers commerçants de la journée rentrent chez eux. A partir de cette heure, cet endroit fait place aux anges de la nuit qui arrivent peu à peu. Les vendeurs de brochettes de porc, de viande de bœuf, de poulet et poisson braisés sont installés le long des trottoirs. Seuls ceux qui proposent des prunes et plantains ou encore des cigarettes sont ambulants et errent dans les bars pour proposer leurs marchandises aux divers clients qui sirotent leurs boissons. Les bars et les cabarets diffusent la musique à profusion qui au bout d’un instant devient un véritable tintamarre. Ici faut oublier les sonorités de Rnb comme à l’accoutumé à Yaoundé, les musiques de Lady Ponce et de quelques artistes de bikutsi du terroir passent en boucle. Pour les amoureux de « mpongo » et autres artistes étrangers ils peuvent se satisfaire dans les boîtes de nuit. Un regard attentif sur les clientes de ces bars ou encore dans les recoins sombres du carrefour, dévoile des travailleuses de sexe. Reconnaissables au premier coup d’œil par les habitués du coin, la raison de leur présence varie d’un prostitué à une autre. Si pour Estelle exerçant depuis 5ans c’est « le dégoût des hommes et de la vie familiale où j’ai eu beaucoup de violence conjugale qui m’a fait choisir ce métier », pour d’autre à l’instar de Carmelle c’est « juste pour m’amuser ». Les taxis sont rares, les motos taximen sont nombreux, ils font des allers et retours à travers la ville pour chercher des clients parfois plus nombreux que l’offre. Ce bal qu’offre le carrefour rebaptisé « an 2000 »il y a peu d’années, continue jusqu’à minuit où certains bars sont obligés de fermer à cause des clauses de leurs licences ou encore de la pénurie de boissons. Les bagarres et les querelles ne manquent pas sur les sujets liés au football ou à la vie pratique. Les noctambules patentés se dirigent vers les boîtes de nuit où ils esquissent des pas de danse en compagnie de leurs dulcinées ou des femmes trouvées sur place jusqu’à 5h30, heure à laquelle ceux qui ont quitté ces lieux la veille les regagnent pour faire leur petit commerce.