La suite de l’affaire Vanessa Tchatchou et le vol de bébé

18 mai 2015

La suite de l’affaire Vanessa Tchatchou et le vol de bébé

Source: google
Source: google

Une petite incursion dans la prison centrale de Yaoundé m’a permis de faire une rencontre inattendue. Après la prison de Bamenda, j’avoue que celle de Yaoundé est surpeuplée. En compagnie d’une ONG Kmerpad qui a décidé de faire des dons de serviettes hygiéniques lavables aux femmes incarcérées par le biais d’un Crowfounding,  j’ai pu voir qu’en prison, il y a aussi une vie. Des femmes bien mise façon Mani Bella regardez vous-même.

J’ai rencontré une jeune fille et je préfère vous laissez lire le fruit de notre échange vous vous ferez votre opinion après. J’ai rencontré cette jeune intelligente et pleine de talent, en causant avec elle j’avoue que je me demande toujours qu’est ce qui s’est passé ?

« Je m’appelle Marcelline, j’ai 22 ans. Le plus dur pour une femme en prison c’est d’être séparée de sa famille. Ici on va de mal en pire. Je vais vous répondre du fond de mon cœur. Je préfère être clocharde et galérer mais être libre comme vous que d’avoir tout ce que vous dites et être enfermée ici. Si je m’entoure de tous ces masques, c’est une manière pour moi de me changer les idées. C’est une manière pour moi de comme on dit ici « travailler la prison » car je n’ai rien d’autre à faire. On le fait pour perdre du temps ; on ne voit pas le temps passé, on ne se sent pas seule. Le monstre de l’homosexualité marche dans la cour de la prison, les filles qui ont une activité sexuelle régulière et qui se retrouve ici, deviennent très vite des lesbiennes soit par désespoir, soit pour se soulager ».

Auteur: Gilles Foka
Auteur: Gilles Foka

« C’est une sale petite histoire qui a tourné très vite au cauchemar. Le fait d’être dans une famille de parents divorcés a une grande influence sur les enfants. Les enfants peuvent poser des actes qu’ils ne poseraient pas s’ils avaient été encadrés par les deux parents. Mes parents sont divorcés et par la suite mon papa décède. Je rencontre un garçon qui me place sous sa protection et je commence à l’aimer très fort. Le premier garçon de ma vie. Je trouve en lui le remplaçant de mes deux parents. Il est mon ami, mon frère, mon tout. Par malheur, je rencontre la maman de mon bien-aimé qui me demande très vite un petit fils car son fils est l’aîné et l’unique garçon.

Sous le coup de la pression, je ne vois pas mes règles pendant deux mois. Je ne doute pas je suis enceinte. Je le dis à tout le monde et c’était un accueil triomphale dans sa famille qui au début ne m’acceptait pas car très tribaliste. L’enfant a été la clé à leur porte. Ils sont devenus gentils, fini l’enfer d’auparavant. Deux mois après mes menstrues sont de retour. Je ne sais pas quoi faire et à qui le dire. Mon ventre ne pousse pas, mon gars ne fait que faire la layette. Il est impatient d’avoir son enfant. Un jour je me rends compte que si je lui dis que je ne suis pas enceinte, il va me lâcher car il va déjà voir ailleurs. Je ne veux pas le perdre.

Je faisais mes visites à l’hôpital gynéco donc j’entre dans une salle de néonatalogie, je trouve des bébés. Je prends un bébé du sexe que je voulais : une petite fille. Je trouve une petite fille entrain de pleurer, elle est toute jolie et seule sur la table.je le regrette car je n’ai pas pu m’occuper d’elle, je le regrette amèrement. Je culpabilise chaque jour qu’en en y repensant je me dis que si je l’avais laissé à cet endroit, elle serait encore vivante. Je ne savais pas qu’elle était prématurée. Je l’ai ramené à la maison et je me suis occupée d’elle. Six jours après, elle est décédée. Je l’ai emmené dans ma famille. Je l’ai enterré et je suis revenue à Yaoundé. A mon retour, je trouve un grand tapage sur une affaire de bébé volé, je n’avais pas la conscience tranquille. Je suis allée au GSO me rendre.

Auteur: Gilles Foka
Auteur: Gilles Foka

C’était l’histoire du bébé volé de Vanessa Tchatchou. On a tellement accusé d’autres personnes à ma place qu’il fallait que je dise la vérité. J’ai écopé de 25 ans de prison. J’avais 19 ans et 25ans de plus, je sortirais déjà toute vieille. J’ai eu une petite fille Joanna, ici en prison. Je suis entrée en prison en étant enceinte. Elle vit dans ma famille, elle ne sait pas que c’est moi sa mère puisqu’elle m’appelle « tantine ». J’ai perdu ma famille, ma vie, tout. Mon premier amour est ici aussi, nous ne sommes plus ensemble, mais j’ai connu un autre garçon avec qui je suis fiancée et dont la maman m’aime sans condition. Je suis heureuse en couple en ce moment. Quand je prie je demande deux choses actuellement à Dieu : qu’il protège ma fille, elle est celle qui m’a sortie du trou, des rumeurs de stérilité qui planaient sur moi. Mon plus grand souhait est que Vanessa, qui ne croit toujours pas que j’ai pu prendre son bébé, qu’elle trouve la consolation dont elle a besoin et qu’elle trouve le courage d’avoir d’autres enfants (car elle a décidé de ne plus avoir des enfants) et ça me fait énormément mal. Que dieu veille sur elles, je regrette amèrement je que je lui ai fais. »

Je peux dire que les dons ont été remis à ces femmes et qu’elles étaient contentes quand nous partions. Merci à Dolly et Gilles pour votre précieuse aide pour immortaliser ces moments , le journaliste est un travail d’équipe.

Nb : le prénom a été changé pour un souci de confidentialité.

Auteur: Gilles Foka
Auteur: Gilles Foka
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