Au nom de la beauté

28 août 2014

Au nom de la beauté

Pose d'ongle
Pose d’ongle

Hum les femmes hein, oui encore elles, j’en suis une, mais faut dire que je ne suis sûrement pas comme les autres. Normal, moi c’est moi et elles c’est elles.

Je suis d’accord que le monde actuel impose un rythme de vie infernal où la vitesse est au menu et surtout où le paraitre compte. Oui la croyance populaire veut que l’on donne tous les honneurs à celui qui est sapé et que celui qui adopte le style simple ou décontracté ne reçoit pas les mêmes honneurs et services. Tenez, c’est parce que les escrocs s’en sont rendu compte qu’ils portent des smokings de classe, des montres et des parfums de marque pour tromper leurs victimes, ne dit-on pas que « c’est le paraitre qui compte » ?

Depuis quelques années, le paraitre est la préoccupation majeure de nos dames. Et oui ! Je m’en suis rendu compte l’autre jour en me rendant au marché de Mobil Nkwen ici à Bamenda. Les « Bayam sellam » qui me servaient avaient un make up, une coiffure et une manucure et pédicure impeccables. Il faut cependant signaler que côté bling bling et paraitre, les populations de la partie anglophones dament le point aux francophones. Je pense qu’une femme anglophone se maquille avant de se coucher ou alors elle a toujours ses accessoires au chevet de son lit. Peu importe l’heure à laquelle vous arrivez chez une femme anglophone, son make up sera toujours au rendez-vous quand elle vous ouvrira la porte.

Bon je m’écarte de mon sujet. Je disais que loin des idées du paraitre ou alors de la tendance des femmes d’un certain âge, qui ne « veulent pas se laisser faire par le temps », ou encore des femmes mariées qui paniquent à la vue des jeunes vacancières ou étudiantes qui inondent la ville de Bamenda et deviennent un danger pour la tranquillité de leur foyer tellement elles sont sexy, belles et extravagantes (de vraies croqueuses d’hommes), les femmes se font une véritable fixation sur leur beauté. Elles sont devenues de véritables accros du prix de la beauté.

Un petit tour dans divers coins que fréquentent les femmes pour prendre soin d’elles m’a fait confirmer l’idée selon laquelle « la beauté à un prix » et même celui de la mort, je vous dis pourquoi.

Les faux cils

On retrouve les spécialistes en la matière dans tous les coins de rue de la ville surtout dans les marchés de Nkwen, Commercial Avenue, Food Market et autres qui ont de grands hangars emménagés à cet effet. Quand vous vous y rendez, elles vous interpellent de manière flatteuse. Une fois assise, on vous flatte encore là c’est la mise en condition pour faire passer la pilule souvent amère du montant que vous allez devoir débourser pour avoir vos faux cils. Il faut débourser de 2 000 f à 3 500 f pour une pose, le prix dépend de la longueur des cils. Pour celles qui aimeraient s’identifier à Niki Minaj question longueur et extravagance dans les couleurs, cela a aussi un prix bien différent. Une fois que vous vous êtes décidé, elle s’arme d’un paquet de cils qu’elle ouvre, retire quelques touffes qu’elle dispose sur la main gauche, un peu plus loin elle verse un peu de colle, se rapproche et prend votre œil en main. Le risque ici est que cette colle noire pour faire adhérer le faux cil, n’est en fait qu’une colle destinée à la pose des extensions capillaires. En plus, quand elle rate, elle se voit obligée de rajouter de la colle et là, bienvenue les tracas : les yeux de la cliente deviennent rouges car ils ont pris une quantité de cette colle, les larmes ne sont pas loin, en plus faut qu’elle prenne une pince, maltraite vos cils pour qu’ils paraissent droits et enfin fait assécher votre cornée en maintenant votre paupière grande ouverte le temps que cela sèche. C’est quoi ça ?

Les faux ongles

C’est le must de la tendance chez les femmes aussi. Ce n’est pas les innovations qui manquent de ce côté. Pose américaine, française, la « Niki Minaj », etc. C’est un vrai dictionnaire. Toujours dans le même sillage des flatteries, faut savoir que la pose d’ongles artificiels coûte de 1 000 f à 10 000 F Cfa. Quand vous vous asseyez, vous choisissez la coupe, les couleurs, la longueur des ongles et l’esthéticienne peut commencer. D’abord le matériel n’est pas souvent stérilisé donc vous devez compter sur votre chance pour espérer que la cliente qui vous a précédée n’avait pas des mycoses ou le VIH. Elle a parfois tout le matériel nécessaire mais manque la dextérité qui va avec et il n’est pas rare qu’elle vous blesse. Pas de panique, elle pourra rattraper le coup en traitant votre plaie oui mais avec de l’acétone qui désormais a le même rôle que l’alcool dans ces lieux. En plus, parait qu’ici à Bamenda la « bonne colle pour les ongles » se fait rare, mais ce n’est pas grave elles ont trouvé autre chose : les colles pour autres matériaux telles que le Super Glue ou encore l’Altéca 110. Résultat, il n’est pas rare de vous retrouver avec des ongles abîmés et devenus des cibles pour les mycoses et diverses infections de l’ongle.

Le défrisage

Ma dernière découverte en la matière est qu’une grande partie des femmes a rejoint le mouvement du moins cher dans les marchés de Bamenda. Bon nombre d’entre elles se plaignent des nombreux désagréments qu’elles ont eu avec les crèmes défrisantes de marque et même celles jugées miracles que l’on conseille dans diverses parfumeries. « J’ai déjà essayé tous les défrisants et cela ne donnait rien, il arrivait que je me brûle sans que mes cheveux ne cuisent. J’ai trouvé la nouvelle méthode ça marche et c’est moins cher ». Moins cher oui mais à quel prix ? Je me demande. Les femmes qui ne trouvent plus satisfaction auprès des défrisants modernes ont trouvé une solution. Désormais des marchands se promènent avec des seaux qui contiennent des défrisants de fabrication locale. A 500 f le défrisage, quelle que soit la résistance de vos cheveux, ils succomberont sous l’effet de ce défrisant. Composé d’un mélange de détergent en poudre et de produits chimiques dont seuls les fabricants connaissent le nom et les quantités, le défrisant local cuit votre cheveu et parfois votre peau, mais ce n’est pas grave, l’essentiel c’est le résultat.

Avec ça, il n’est pas rare de se retrouver avec une perte de cheveux aiguë, le mal de nerf, etc. Peu importe les effets secondaires, les femmes adhèrent et ce n’est pas cher. Des teintures de cheveux fabriquées à l’aide de pâtes dentifrices ou  de feuilles, de sel gemme et des produits chimiques dont les dosages sont approximatifs. Des tatouages que l’on fait n’importe où, avec n’importe quel matériel et n’importe comment font des victimes tous les jours qui se retrouvent aux urgences dans  les hôpitaux. Des vendeurs de produits cosmétiques devenus de vrais chimistes qui conseillent et mélangent des laits corporels avec tout ce qui leur passe sous la main. Résultat à peine 20 % des femmes ici à Bamenda ont encore un teint naturel. Pour les autres, il faut compter celles qui, à elles seules sont un drapeau à la vue de la couleur de leur peau, celles qui ne sont pas musulmanes ou nées en en Russie, mais sont obligées de se couvrir tout le corps. Tel des vampires, elles fuient désormais le soleil. Et la liste est bien longue. De telles pratiques restent encore favorables à la propagation du VIH et diverses infections qui pourtant, pourraient être évitées avec juste un peu d’hygiène et de contrôle. Parlant de contrôle, je me demande qui devrait contrôler de tels domaines ?

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Commentaires

Nelson
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Pour moi la plus belle femme du monde est celle qui se préoccupe d'abord de son esprit et qui fait de la simplicité son ami intime. Pourquoi tous ces bling blings et que sur le lit elles sont très décevantes? mdr

Salma Amadore
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c'est ce bling bling qui t'a attiré normal que quand il a disparu la réalité soit autre Nelson hhahha

Josiane Kouagheu
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D'accord avec toi Nelson. Et en lisant ton billet Salma, je me rends compte que le monde nous transforme de plus en plus. Tout ton billet dessine ce qui se passe dans nos rues. Et les conseils de ma mère me reviennent à l'esprit: "qui es-tu Josiane", me demande-t-elle souvent. Je suis la photo de Josiane ou Josiane en entier? C'est ça la difficulté Salma. Qui sommes-nous au fond? La société ne doit pas nous transforme, encore moins le physique, les faux cils, fausses ongles et autres! Je me suis exclamée quand j'ai lu qu'à peine 20% des femmes à Bamenda ont perdu leur teint naturel. Au nom de la beauté, nous sommes en train de perdre notre âme ! Il faut des billets pareils pour nous rappeler la mauvaise route que nous prenons!

salma
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je n'ai pas de problème avec la transformation Josiane mais les risques sont grands vu le matériel qu'on utilise qui n'est pas adapté.

Ladji Sirabada
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Bien dit ma chere. Femme c'est l'autre de l'homme...