Je suis une star

17 octobre 2013

Je suis une star

Un mot simple mais qui pèse énormément. Être une star, je me demande bien ce que c’est car entre ce que je vois dans mon pays et ce qui se passe ailleurs je pense qu’il faut être dans chacun des pays pour comprendre les différentes stars.

Les Etats-Unis en ont fait un vrai business. Je veux dire même si vous ne sortez pas d’album, dans ce pays on trouve le moyen de parler de vous. Le sein d’une star qui est dehors fait un buzz, l’enfant d’une star ce sont des milliers de dollars qui entrent en jeu pour avoir sa première photo, la première échographie, une gifle, une bagarre, une rupture, tout donne de l’argent chez les stars aux Etats-Unis.

Une fois que je reviens au Cameroun, c’est tout autre chose. Nous n’avons pas encore cette culture de paparazzi qui épient sans relâche nos « stars ». Chez nous pour voir les stars faut une audience, il ne faut pas la filmer n’importe comment. Il faut qu’elle soit « fraiche »(bien mise),qu’elle montre son salon, sa voiture, sa nouvelle fausse montre Rolex, ses photos à Paris, Londres, etc. c’est une star parce qu’elle va désormais à Mbeng (Europe) et ne fait plus les petits spectacles de village à 100f l’entrée, les kermesses.

Nos stars au Cameroun sont celles qui peuvent recevoir toutes les éloges mais qui, le lendemain se retouvent mêlées à une histoire d’une nuit dans une auberge de 1000F qui n’a pas été payée.  Chez nous les stars sont celles qui, quand elles n’étaient pas connues étaient prêtes à faire le ménage chez vous pour que vous jouez sa maquette. Une fois que vous l’avez fait et qu’elle trouve un producteur, elle ne vous connait plus quand vous l’appelez, elle vous demande de voir son « manager », elle ne peut plus traiter avec vous parce que « sa vie a changé», elle est passée au niveau supérieur.

Au Cameroun, les stars mangent ensemble mais ne sont forcément pas des amis. Chacun a une histoire sur l’autre star qui a volé, détourné de l’argent, fait des courbettes à un tel pour qu’on joue sa musique, sort avec X pour qu’on parle d’elle, a prêté la voiture d’un tel pour faire son clip etc. Nos stars sont nos stars, elles ne prennent pas soin d’elles, les ventres poussent, la prise de poids est signe de richesse, elles arrivent dans une émission saoules, elles parlent n’importent comment des fois en mêlant le dialecte « zambe wam », « yémalé » à leurs phrases. Nous acceptons ce sont nos stars.

Des stars qui nous font rêver mais pour qui faut cotiser pour  les guérir de telle ou telle maladie, elles se promènent habillées n’importe comment et peuvent chanter vos louanges pour une bouteille de whisky. Les droits d’auteurs sont là pourquoi ? Vous me poserez la question. Je n’ai pas de réponse et à vrai dire c’est une histoire compliquée où intervient un bras de fer interminable entre le ministère en charge de cette activité et des sociétés dites de droits d’auteurs, « la vraie magie ».

Depuis quelques temps je suis fière de constater qu’il  y en a qui sortent du lot et pensent peu à peu à l’innovation. Des clips de plus en plus beaux avec des effets spéciaux et façon film que l’on ne voyait que chez Michael Jackson. Des décors et chorégraphies impeccables (quoi que je trouve que les femmes sont toujours plus nues que les hommes et sont obligées de bouger leurs bassins comme des folles alors que les garçons sont au repos).

Qui est star au fait ? Celui qui a une maquette, un single, un album ? Est-ce celui qu’on entend à longueur de journée dans les radios et télévisions et qui a donné une ou deux bières aux animateurs pour occuper la tête des Hit Parade ? Ou alors est-ce celui qui a vendu le plus d’albums ? Je ne peux répondre car au Cameroun il n’y a pas de « staromètre » pour mesurer tout cela, mais il y a des stars à la pèle.

source: google
source: google

Nous en sommes à des mouvements  « High père », « Abélé », « je ne donne pas le lait », il est vrai que je n’y comprends rien mais j’espère que tous ces mouvements ont une finalité et ne sont pas juste des idées qui resteront sur des T-shirt et autres gadgets. Nos stars créent le Buzz, et dans ce couloir  Dany scorpio est le maître. Il a laissé planer une rumeur sur sa mort. Les médias ont diffusés des photos de lui mort, dans un cercueil et pourtant ce n’était que des extraits de son clip Hommage, innovant non ?

Tout comme Katie Armstrong en Amérique, Irma, et Grégroire en France, trois exemples d’artistes qui ont été financés par les internautes, l’artiste Belka Tobis sur son site, invite les internautes à devenir des producteurs de son prochain album « gigolo » qui sortira en automne 2013 (je dois avouer que sur ce coup il devrait savoir qu’en Afrique et au Cameroun surtout nous n’avons pas cette saison). En échange, la possibilité d’être cité dans une chanson, d’avoir son nom sur la pochette de l’album et bien plus encore.

Nos stars ont de plus en plus besoin du net pour savoir si elles ont de la côte, si telle musique nous plait, donner notre avis pour qu’elles s’améliorent. C’est le cas de Chantal Ayissi pour son clip « Avue dzam » qui a d’abord été découvert sur facebook avant de passer sur diverses chaines de télévision. Dans la même lancé je peux citer aussi les artistes tel Habib du Bled, Mango, Richard Amougou, Dimi 3, etc  qui diffusent plusieurs musiques de leur album à écouter en priorité sur le net.

Les stars camerounaises ont compris qu’il faut faire avec la nouveauté et innover. Dans ce couloir personne ne contestera que le groupe Xmaleya sort du lot avec ce concept d’affiche géante en plein centre-ville. La plupart d’entre elles ont des pages facebook et ce qui nous console encore est que nous pouvons être surs que ce sont elles qui nous répondent sur les réseaux sociaux. Bientôt elles ne pourront plus le faire hélas.

Je suis soulagée car les choses décollent peu à peu, nous aurons bientôt des stars à l’américaine. Bientôt nous aurons aussi des photographes postés sur des arbres à longueur de journée et qui seront à l’affut du moindre scoop, pour des journaux de people. On verra des stars avec et sans maquillage, des stars en vacances qui flirtent les uns avec les autres. Des stars qui font l’apologie de la drogue ? Non !

Bientôt nous serons quel est le poids du mot « star ». Le groupe » 2ki tu » me faisait part un jour du fait qu’ils ne peuvent plus fréquenter des « beignetariats », mais c’est aussi là le revers de la médaille, on ne peut plus passer inaperçu.  À toutes ces stars prenez soin de votre public, car c’est lui qui fait de vous « des stars ». Le public est une vraie unité de mesure pour ce qui est de la notoriété. Sur le net, ses avis comptent et méritent d’être considérés quand vous travaillez et pas seulement quand il faut aller voter pour vous.

 

Partagez

Commentaires

fc
Répondre

Salma,
Le modeste commentateur que je suis vous signale que sur cette page,vous êtes notre star.
Merci pour ce billet d'humeur.

salma Amadore
Répondre

de rien mon cher merci à toi pour le temps que tu consacre à la lecture

Ladji Sirabada
Répondre

J'aime bien ton billet et surtout cette petite partie qui est tellement vraie (a nouvelle fausse montre Rolex) Peace Salma et continue de nous faire plaisir en sortant tes griffes...

salma Amadore
Répondre

mes griffes là hein se cassent déjà Ladji

Mylène
Répondre

Passionnant. Je découvre la star attitude made in Cameroun et cela me plait bien. Star, célébrité, personnalité, starlette, etc. Je suis comme toi, je ne sais pas vraiment ce qui fait qu'une célébrité devient une star... peut-être qu'un jour, cela se décidera seulement au nombre de paparazzi ou de followers. :-)

salma Amadore
Répondre

moi aussi j'attends ce moment Mylène

Emile Bela
Répondre

Impressionnant billet dans un style simple et léger. Je l'ai lu a la pause sur mon phone et j'avoue être egaye par ta description. Je peux profiter de ma pause désormais chez toi.
Amitiés.

Salma Amadore
Répondre

ah bon Emile

Candas lopez
Répondre

" l’artiste Belka Tobis sur son site, invite les internautes à devenir des producteurs de son prochain album « gigolo » qui sortira en automne 2013 (je dois avouer que sur ce coup il devrait savoir qu’en Afrique et au Cameroun surtout nous n’avons pas cette saison) "
J'ai beaucoup aimé cette partie et encore plus l'article, surtout le mot de la fin "prenez soins de votre public" car beaucoup de nos pseudo "stars" l'oublient très souvent...
merci pour ce bel article

Salma Amadore
Répondre

merci de l'intérêt Candas

Yves Tchakounte
Répondre

"Le public est une vraie unité de mesure pour ce qui est de la notoriété."
Huummmmm

krys kiss
Répondre

oh salma laisse nos #stars trankil inh selon tw lakel d'entre el ne pepa payé kolo pr l'auberge où el a sleep avk 1e mbôk...mdrrr tw oci. nos stars st ckel st cherch pa à cmprendr

Salma Amadore
Répondre

compris je ne cherche pas