Petit Papa Noël, s’il te plait restes au ciel…
D’abord il n’y a pas de neige chez nous en Afrique donc tu seras tout bronzé et tu auras très chaud avec ton accoutrement, ton traîneau ne pourra pas avancer car nous n’avons pas de route et la poussière tueras tes rennes. Ce qui prouve que nos parents nous ont menti avec cette histoire sur toi et tes lutins. En plus nous n’avons pas de cheminée aussi, il fait trop chaud : il n’y a qu’à voir comment à force de briller, le soleil transforme la viande fraîche en Kilichi sous nos yeux. Il n’y a déjà pas d’argent pour se nourrir, encore moins pour penser à offrir des cadeaux.
Ton mythe a été bien entretenu pendant mes cinq premières années, jusqu’au jour où, un soir en manque de sommeil, j’ai quand même décidé de rester allongée. Alors j’ai vu cet homme géant, sans ta barbe blanche et tes habits rouges, ni encore ton gros ventre, juste son boubou comme d’habitude, je parle de mon père bien sur. Il marchait sur la plante des pieds et venait jusqu’à mon lit pour y déposer un paquet, et moi je voyais tout d’un œil. Il remit la couverture sur moi avant de sortir de ma chambre. Et là mon sommeil partait pour de bon, et je souriais en repensant à ce grand mensonge qu’il entretenait depuis longtemps. Je déballer ma surprise, mais en pensant au bruit que le papier cadeau ferait, je décidais d’attendre le matin.
Le lendemain, il était le premier à ouvrir ma porte et me dire :
« Joyeux noël Salma, Papa Noël a encore pensé à toi. Il t’a laissé un cadeau, viens on l’ouvre ».
Et moi je me disais intérieurement: « çaaa papa pourquoi tu me mens ? ». Mais pour ne pas gâcher notre plaisir je sautais de joie en voyant mon cadeau, puis j’allais tout raconter à mes amis.
Je veux bien accepté le côté religieux de la chose qui dit que le fils de Dieu est né ce jour, mais à part ça je ne comprends pas pourquoi nous voulons vraiment tout faire comme en Occident. Même le créateur nous a fait différents. La preuve ? Il y a quatre saisons en Europe alors qu’ici nous n’en avons que deux. Même sur les dessins ou les peluches, les Pères Noël sont blancs. Quand on invite un Père Noël dans une manifestation chez nous au Cameroun, soit son habit est très grand et ne lui va pas, soit il est nerveux, ne fait pas rire et ne pense qu’à finir vite son pointage et à s’en aller.
Même en Europe certains enfants sont sceptiques. J’ai vu un film l’autre jour où un petit garçon disait à son oncle : « Je ne crois pas au Père Noël car s’il passe par la cheminée il va se brûler avec le feu qui s’y trouve » et son oncle n’a pas pu lui répondre.
Avant il y avait plusieurs raisons de célébrer cette fête car nous avions des cadeaux, des nouveaux habits et des chaussures, nous pouvions manger du poulet à gogo, nous promener et avoir de l’argent rien qu’en formulant nos souhaits aux aînés et acheter ce qu’on voulait sans risque de nous faire gronder par nos parents.
Mais de nos jours et en grandissant, le mythe à été brisé par les réalités de la vie. Quand vous grandissez, on ne vous donne plus rien, vous devez voler de vos propres ailes. Travailleur ou chômeur, à défaut d’habiller ou d’offrir des cadeaux à tout le monde, on attend de vous que vous ayez contribué pour le repas ou pour la boisson, sinon à votre vue tout le monde aura la bouche tirée. Et si vous vous hasardez à vous servir le premier à table ou à garnir votre plat sans avoir participé, vous entendrez ceci : « Tes égaux rationnent chez eux ta force c’est seulement manger et boire pour les autres ». A vous de continuer votre repas ou de vous lever selon votre sensibilité…
Quant aux enfants, aujourd’hui ils ne sont plus aussi chaleureux que nous l’étions. Ils préfèrent rester dans leur chambre à jouer à leur jeu vidéo et être sûrs que personne n’y touchera, au lieu de se regrouper et se promener comme nous le faisions. Ils savent déjà avant de naître que le Père Noël n’existe pas et quand vous voulez leur prouver le contraire, ils se moquent de vous. La recherche de l’intérêt est déjà inscrite dans leurs chromosomes. La preuve : un sapin orné juste avec des guirlandes, des jeux de lumières et des figurines ne les attire pas, alors qu’ils se précipiteront sur un sapin avec des bonbons ou des chocolats suspendus à ses branches et roderont autour jusqu’à ce qu’il n’en reste plus (Certains prennent le soin de vous laisser des emballages vides suspendus au sapin).
Vous n’avez qu’à vous pointer chez vous ou chez l’un de vos proches et dire aux enfants les mains vides « Joyeux noël ou bonne année ! ». Par respect et à défaut de vous répondre en face « C’est ça qu’on mange ? » ou « On fait quoi avec tes souhaits ? « , ils vous diront poliment et en vous tendant la main : « Qui souhaite paye ».
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