Petites histoires à bord d’un car

Article : Petites histoires à bord d’un car
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12 novembre 2012

Petites histoires à bord d’un car

auteur:Salma

 

Les car en partance pour Bamenda ont ceci que les histoires qui s’y vivent vous font oublier le long trajet que vous avez à faire. À 10h j’achète un ticket dans une agence et je monte dans le car. La plupart des sièges sont déjà occupés mais leurs propriétaires font un tour tellement l’attente de voir ce car se remplir est longue. Nos bagages sont transportés à l’agence aussitôt que le chargeur vous voit sortir d’un taxi, il est le premier à vous saluer. Il porte vos affaires et vous fait la causette en vous accompagnant à l’agence et est bienveillant en insultant les taximen qui veulent vous frôler. Lorsqu’il range vos bagages, vous avez beau lui dire qu’il y a des objets fragiles dedans, il les classe comme il veut et vous lance ce regard qui demande le pourboire.

Une fois dans le car, ce sont des vendeurs qui vous servent d’hôtesses et vous accueillent, à l’introduction ils vous distribuent des bonbons gratuitement et vous demandent  de les gouter pour ensuite les apprécier et enfin acheter. Voici ce que j’entends « bonjour tout le monde, papa, maman, je vois que personne ne répond, je vais vous faire un petit cadeau. Chacun de vous à droit à un bonbon ». (À ce moment, il n’y a que les enfants qui se concentrent et deviennent excités). « Goûtez goûtez, c’est gratuit, les bonbons qui donnent la chaleur au cœur » (il passe à la distribution à chaque rangée de siège, à ce moment ce sont les adultes qui sont devenus incontrôlables et certains souriants). « Ce sont les bonbons fa fa na na nanfang chinchotouen, hing hong »et là tout les passagers  éclatent de rire. Il a gagné avec ça car tout le monde veut de ses bonbons de 3 paquets à 500F, il  y a tellement de clients qu’il manque de monnaie et d’emballages. A peine il descend que c’est au tour de l’intello de se pointer. Il a un tas de livres dans ces deux mains qu’il présente à tout le monde du nouveau code de procédure pénale en passant par les démarches administratives à la retraire, etc, il ne séduit que deux clients et n’est pas très content. Après lui, le défilé s’arrête et tout semble calme jusqu’à l’arrivée de Sango Pasto.

 

Le car démarre avec lui, il nous entretient sur la bible et nous demande nos religions (question à laquelle la plupart des passager ne répond pas car il y a quelques années c’était l’introduction favorite des bandits dans les taxis pour vous emporter). Après la lecture de quelques versets bibliques, il entonne des cantiques que les passagers reprennent chacun en trouvant son couloir Alto ou Baryton. Il enchaîne ensuite avec un débat sur divers sujets d’actualité pour finalement nous faire comprendre que « Dieu est là ».

« Celui qui est content applaudit je vais vous quitter bientôt mais celui qui a été touché et qui pense que votre frère mérite une récompense peut lui donner quelque chose pour qu’il ait la force de donner la bonne parole aux autres voyageurs. Ne vous inquiétez pas du montant je prends tout tant que cela vient du cœur ».

À ces mots, les bouches se nouent même celles des membres du groupe improvisé de chorale qui chantait tout à l’heure, très peu de personnes ont donné des pièces. Il est descendu à Tongolo en nous souhaitant « un bon voyage ».

Deux heures après ce sont les pleurs d’un bébé qui me réveillent. Sa mère visiblement dépassée, tente bien que mal de le consoler mais il ne veut rien entendre. Toutes les femmes du bus s’improvisent en baby-sitter et certaines se contentent de se servir de leur mouchoir pour ventiler le petit. Au fur et à mesure que le bébé change de mains, il pleurt  plus fort on dirait que les visages qui se présentent à lui l’effraient. Finalement  l’une d’elles a eu l’idée de le déshabiller et c’est en enlevant la couche qu’elle se rend compte que ce sont les piqûres d’une fourmi qui déclenchent tant d’animosité en lui. Dix minutes après il s’est endormi. Place au motoboy qui donne le coup d’envoi pour pisser, les femmes vont se consoler dans la brousse tandis que les hommes eux, plus exhibitionnistes, se sont alignés pour sortir leur tuyau et arroser la terre, on aurait dit un championnat de pisseurs. On a perdu 15 minutes pour que tout le monde remonte dans le car, apparemment d’autres avaient autre chose à laisser dans la nature comme cadeau.

un passagerdeux passagerstrois passagers

 

 

À Makénéné, on a droit au cortège d’accueil des vendeurs de prunes, de mets de pistache, des noix de coco, etc. et aussi à de nouveaux passagers certains assis à même le sol à l’entrée du car et d’autres debout. À Bafoussam arrive le docteur, il a des produits qui guérissent tous les maux dans un sachet plastique. Il commence par faire goûter un produit à quelques passagers volontaires du car. Ce produit s’appelle Panax je crois il a plusieurs vertus que certains connaisseurs du car de permettent de vanter, il guérit le paludisme, les IST, les maladies de la peau et de nombreuses autres associés à du miel ou  tout autre produit naturel.  Ensuite il enchaîne avec une lotion pour le mal de dents et des nerfs (il parait que quand vous le humez, il vous étourdit). Les clients sont nombreux il ne  gaspille pas beaucoup de salive pour que son sachet de remèdes se vide, il nous dit au revoir une centaine de fois avant de descendre.

C’est notre dernier divertissement avant d’arriver à Bamenda, alors si l’envie vous prend de voyager pour ce coin du pays n’oubliez surtout pas d’arrêter vos côtes et d’emporter de l’argent pour toutes ces bonnes choses qui vous attendent dans les cars et vous font oublier que le voyage est long.

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Commentaires

William Bayiha
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Tu aimes trop ça. Moi je suis fatigué. Tu écris trop beaucoup. Mais c'est bien. (Je commente avant la lecture !)

William Bayiha
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En fait j'ai parlé trop tôt (j'en étais sûr). Donc les voyages sont quasiment pareils dans tout le Cameroun. Cf Valerie Ndongo...

campos
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troop cool salma, surtout du bon fann fan ...........et le coup du bb la mort seulement.Cool j'aime

Salma Amadore
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et oui doc c'était coe une troupe ce car moi aussi j'ai aimé

alice
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j'ai adoré tout simplement!!! c'est la particularité des voyages au cameroun, on en voit des vertes et des pas mures!! rires

Diaw cheikh tidiane
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Haaaa toujours la même routine