Ces professeurs qui professent mais sont aussi pros de la fesse
Depuis huit ans déjà, à cette même période d’octobre donc le 05, on célèbre la journée de l’enseignant dans mon pays, le Cameroun. Chaque année, les enseignants se réunissent pour réfléchir et ainsi avoir de meilleures conditions de travail. Je ne suis pas contre les réjouissances, mais seulement, je ne comprends pas pourquoi la célébration d’une journée doit toujours se solder par un festin ou un défilé. Dans un contexte où de nombreux professeurs fuient les zones reculées, arrivent rarement à l’heure pour dispenser leur cours et sont parfois de bons absentéistes, on se demande pourquoi ce jour là ces personnes sont présentes quand il faut boire, manger ou discuter les pagnes ?
On ne sait plus qui est enseignant dans notre pays entre des stagiaires qui ne finissent pas leur formation et s’improvisent professeur parce qu’un de leur proche a ouvert un établissement, ceux qui font des salles de classe des terrains de chasse, ceux qui parce qu’ils possèdent un don de patience et un peu de chance avec les enfants le deviennent, ceux qui visent le matricule à tout prix et ceux qui le font vraiment par passion, on ne sait plus à quel saint se vouer.
L’une des premières causes de mes lacunes en mathématiques vient de mon professeur de maths. Monsieur Abéga mon professeur en classe de 5ème était peut-être un conteur, mais pas un professeur. Quand son cours commençait à 7h30, il faisait beaucoup d’efforts pour arriver à 8h15 et quand c’était le lundi, on avait droit aux divers du weekend jusqu’à 9h15, une petite leçon de 30minutes et les devoirs. Il les corrigeait et se servait de ces notes comme des devoirs surveillés. Nos étions contents car on avait tous la moyenne. Mais seulement cela n’était pas pour nous avantager car nous travaillons en commun et nous ne connaissions pas nos niveaux personnels. Partie de 15/20 en 5ème, je me suis retrouvée avec 02,25/20 en classe de 4ème et les maths sont devenues à jamais ma bête noire.
S’il y a bien une chose qui console l’enseignant d’aujourd’hui malgré sa mauvaise condition, ce sont bien les élèves. Je parle bien du féminin de ce mot. Quand les yeux d’un enseignant se posent sur les jolis visages de ces élèves, il oublie ses soucis. Je ne peux compter le nombre de fois où j’ai lavé les toilettes, essuyer le sol ou ramasser les papiers à cause des belles filles. La plupart d’entre elles quand elles ne se trouvaient pas sur notre rangée de bancs, étaient assises dans notre secteur « le shabat ». Il suffisait qu’elles refusent de coopérer pour qu’un enseignant nous gâtent de punitions soit en nous mettant dehors, soit en nous confiant aux bons soins d’un surveillant de secteur ou encore qu’il multipliait les mauvaises notations pour avoir un tête à tête avec elle dans son bureau. Parfois agacées par la situation, nous constituions un petit comité qui allait se plaindre à la hiérarchie mais cela n’aboutissait jamais vu que la personne à qui on se plaignait jouait le même jeu dans une autre classe.
Certaines cibles cédaient parfois sous le poids des punitions ou des conseils de leurs camarades, d’autres continuait cette corrida jusqu’à la fin d’année et changeaient d’établissement. L’enseignant d’aujourd’hui va au-delà il fait la cour dans le cours, il devient le répétiteur de ses petites, un maître chanteur qui fait redoubler les élèves sans raison, est papa de nombreux bébés dans diverses classes d’un établissement. S’il est vrai que c’est un homme comme tous les autres et qu’il peut trouver son bonheur partout, il est aussi vrai que l’amour n’est pas forcé.
À tous ceux qui font bien leur travail, qui font des inconnus de notre pays des grands hommes, qui ont encore une conscience professionnelle et un amour du travail bien fait et qui sont prêts à le faire même gratuit, bonne fête ! Et pour vous, je dis qu’il faut « Agir pour les enseignants ».
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