Femme, quelle femme es-tu ?

5 mars 2015

Femme, quelle femme es-tu ?

C’est le genre de billet qui m’est souvent difficile d’écrire. Il est difficile d’aborder ce sujet et prendre du recul. Je veux dire que d’un côté les hommes seront contents et de l’autre, les femmes vont me regarder avec des yeux noirs.

Bon, je pense que depuis le mois de janvier, toutes les femmes savent qu’il faut s’aligner pour avoir telle ou telle couleur de pagne dans une boutique de tissu et malgré la rupture du stock, elles ne se découragent pas. Ce pagne qui cause plus de dégâts qu’il n’apporte de solutions.

Je sais que la majorité des femmes qui ont rejoint le cercle des femmes n’existent que par ce pagne. Elles ne savent même pas pourquoi on célèbre ce 8 mars. L’essentiel, c’est la fête et le pagne. Pauvres de nous, avec tout ce que nous avons à améliorer, ne nous limitons pas qu’à cet aspect que dévoile si bien mon collègue blogueur Le Panda dans ce billet.

Source:creationjuliecouture.com
Source : creationjuliecouture.com

A toutes mes sœurs qui célèbrent cette journée internationale de la femme, j’ai quelques questions qui me taraudent l’esprit. Quelle femme êtes-vous ? Celle qui ne réduit son existence qu’au port du pagne et aux réjouissances qui suivent le défilé au boulevard du 20 mai ou celle qui aimerait bien que les choses changent. Quand je parle de choses, c’est ce que les hommes appelleraient bien « les choses de femmes ». Les frais d’accouchement et tous les examens prénataux sont encore un luxe pour de nombreuses femmes et une obstruction à leur droit de procréer. Le prix de ce pagne que l’on dit avoir fait pour toutes les femmes est exorbitant et se l’offrir est devenu un luxe qui creuse encore le fossé entre la femme rurale et la femme urbaine. De nombreuses jeunes filles font l’objet de chantage lors de leur recrutement et il leur est interdit de tomber enceinte quand elles exercent certains métiers, pourtant, les patrons, qui sont très souvent les auteurs de ces grossesses, peuvent garder leur travail et continuer d’engrosser d’autres postulantes.

Quelles femmes es-tu quand une femme, dans la douleur de l’enfantement se présente dans une formation sanitaire et que toi l’infirmière sensée compatir, reste de marbre ? Quand dans nos familles et nos services nous ne nous supportons pas ? Quand nous pouvons dire tout haut qu’une femme qui se présente aux élections perd son temps et se prend pour qui ? Quand au lieu de faire notre travail nous passons plus de temps à papoter et à mal parler des autres ? Quand nous pouvons égrainer des chapelets entiers pour qu’il arrive malheur à d’autres femmes.

Quand il faut tirer un intérêt quelconque d’une situation, nous revendiquons l’égalité, mais une fois qu’il faut payer les factures, aller au front ou exécuter des tâches difficiles nous disons très fort « je suis une femme, je ne peux pas » ? Est-ce vraiment ça l’égalité ?

De nombreuses femmes et filles dans le nord du pays combattent à nos frontières, sont loin de leurs familles, continuent de subir des mutilations génitales, sont victimes des mariages précoces ou forcés. De nombreuses femmes continuent de subir des brûlures à l’eau chaude après l’accouchement et deviennent plus tard des victimes de nombreux cancers. De nombreuses mères continuent d’être les auteurs du massage des seins malgré toutes les campagnes contre cette pratique.

Très peu de femmes peuvent imposer le port du préservatif à leur partenaire. Très peu de femmes peuvent choisir une méthode de contraception et en parler avec leur partenaire. Très peu de femmes peuvent décider du nombre d’enfants qu’elles veulent. Combien de femmes peuvent réussir une carrière sans que cela ne soit identifié à « une promotion canapé » ?

Les cancers du col de l’utérus et du sein font des ravages chez les femmes. Le taux d’infection du VIH/Sida reste plus élevé dans cette catégorie de la population. Les femmes continuent d’être considérées comme responsables quand elles sont victimes de viol. Les droits de nombreuses veuves continuent d’être bafoués. Il existe encore de nos jours des femmes qui subissent des violences parce que la société croit que le choix du sexe d’un enfant dépend d’elles.

Es-tu cette femme qui défend les droits de la femme en public, mais qui une fois chez elle n’a plus droit à la parole ? Dis-moi quelle femme es-tu ?

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Commentaires

Guy Muyembe
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Une interpellation aux hommes et aux femmes.

Salma Amadore
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oui bien sur que sommes nous sans vous? et vice versa

pascaline
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Je suis une femme debout. Je suis une femme en devenir, qui s'assume un peu plus chaque jour et qui essaie tant bien que mal d'être en accord avec mes principes et ces droits et autres grandes théories que je défend. Je suis une femme indépendante matériellement, mais dépendante envers l'amour.
Et je suis fère de t'avoir rencontré ici au Sénégal il y bientôt deux ans. Bravo pour l'article, et heureuse de te lire.

Salma Amadore
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très heureuse aussi pé pi

Castari.com
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Génial l'article :)

Djifa Nami
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Bonnes questions! Je ne suis pas une femme parfaite; je m'en doutais mais j'en ai maintenant la preuve! Je vais faire des efforts, toutefois, et essayer d'avoir les bonnes reponses l'an prochain. Poignant!

Salma Amadore
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ha bon! on attend alors rendez-vous en 2016 alors

fatiana
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Très bon article!!! et de très bonnes questions!

Salma Amadore
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merci fatiana