Alerte au virus Ebola : les bouchers de Bamenda paniquent

11 août 2014

Alerte au virus Ebola : les bouchers de Bamenda paniquent

viande de porc
viande de porc

Bamenda comme les autres régions du Cameroun n’a plus le sommeil tranquille. Depuis l’annonce il y a une semaine d’une personne infectée au Nigeria, les Camerounais paniquent, les bouchers surtout.

Info ou intox, on  signale un cas à l’hôpital la Quintinie de Douala. Nous n’avons pas encore fini avec la secte Boko Haram et le choléra dans le Septentrion que voici le virus Ebola. Loin de l’image que je me fais de ce film qui traitait du sujet et mettait en scène Morgan Freeman impliqué dans la lutte acharnée contre ce virus,  je me rends compte que le film reste le film et qu’il va désormais falloir faire face à la réalité.

Les moyens d’y faire face sont maigres. Quand je me rends compte que parmi les mesures de prévention l’hygiène reste la pièce maîtresse, je me demande s’il est possible de se laver les mains autant de fois qu’il est recommandé quand les coupures d’eau sont devenues courantes chez nous. Quand on parle de se rendre dans les différents centres de santé les plus proches une fois que l’on suspecte un cas, c’est encore un autre combat. Les formations sanitaires et le personnel qualifié dans les villages ne sont pas si proches que ça et le chemin pour y parvenir est long, cahoteux, les moyens de transport sont rares dans certaines régions et avec le nouveau prix du carburant, c’est cher.

Dans la croyance populaire ici à Bamenda, un message massivement distribué, a fait du « Mbita Kola » un moyen de prévenir l’infection. Sur le net, c’est l’oignon qui l’est. Alors les vendeurs de Mbita Kola se réjouissent. « C’est devenu rare et cher » disent-ils pour vendre cette potion magique à notre portée à un prix élevé. Il y a ceux qui se frottent les mains et ceux qui à contrario vont devoir songer à changer d’activité ou à casser les prix.

Les bouchers sont de ceux-là. Tout comme l’épidémie de grippe aviaire avait rendu le poulet et tous les produits dérivés moins chers, le virus Ebola va mettre bon nombre de bouchers au chômage. Le même message qui a été distribué massivement sur les précautions à prendre parle aussi d’éviter de consommer les viandes de brousse, de chauve-souris (je ne savais pas qu’on en consommait), de singe, de chimpanzé, de porcs, bref d’éviter de consommer toutes les viandes et surtout d’aspect suspect. En particulier du gibier trouvé mort dans la brousse ou ailleurs.

Le prix de la viande de porc en baisse

Pour ce qui est de la viande de brousse, de chauve-souris, de singe, de chimpanzé, ce sont les restaurants spécialisés en la matière qui auront des soucis. Ce week-end, j’ai pu constater que le prix de la viande porc est passé de 2 700 F Cfa à 2 500 voire 2 400 F. Déjà 300 F de moins, je ne pense pas que la descente d’une équipe de contrôle du prix du ministère du Commerce aurait réussi à leur faire baisser les prix de cette viande. Les clients sont au courant et ils boudent. Les bouchers vendent à peine 5 kg de viande de porc par jour. Résultat ils sont obligés de faire de petites commandes pour être sûrs d’écouler tout le gigot. Ils ne le font pas sans plainte « si cela continue faudra rentrer au village parce qu’on ne s’en sort plus, je suis obligé de rapporter de la viande chaque jour dans la chambre froide. Je ne vends pas, mais je dois payer la conservation et si la viande dure, elle perd sa fraîcheur et il faudra jeter ». Je ne suis pas sûre qu’il peut jeter cette viande et c’est là tout le problème avec les bouchers, quand ils se rendent compte que la viande n’est plus fraîche, il la fume ou la sèche pour la vendre sous une nouvelle forme. Pour eux, pas question de perdre cet investissement même si cela est devenu un poison pour le client. S’il y a une autre chose qui plaît avec cette période, c’est que les clients reçoivent des morceaux de viande porc en guise de cadeau de la part des bouchers qui, ainsi, les invitent de manière masquée à revenir.

Une autre inquiétude avec la viande de porc est que si c’est par elle que doit passer le virus Ebola, et bien je pense qu’il y aura beaucoup de victimes. Le porc est l’une des viandes les plus consommées au Cameroun. Qu’il soit braisé, bouilli ou fumé, dans la plupart de nos manifestations (mariage, cérémonie de Dote, baptême, deuil, funérailles, etc.) on mange cette viande. Certes, il y a des précautions à prendre oui, mais va-t-il falloir songer à trouver un palliatif ? « Parce qu’une cérémonie de dot par exemple sans porc n’est pas une cérémonie » dixit un ressortissant de la tribu beti.

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Commentaires

Julien DEMBELE
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Joli billet !
C'est une situation inquiétante pour tous.
mais j'adore le porc !

Salma Amadore
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hein Julien tu "Adore"hum pardon adore dieu l'autre là laisse c'est éphémère lol