Une histoire de « Para »

24 juillet 2014

Une histoire de « Para »

Paracétamol
Paracétamol

 

C’est bizarre comme l’on peut se rendre compte qu’il n’y a pas beaucoup de choses qui changent. Cela concerne surtout les tares dans notre société.

Une discussion entamée avec des lycéens me je replonge dans mes années passées au lycée et surtout une situation répétitive qui était devenue pénible à la fin. Il n’était pas rare de voir les établissements se vanter d’avoir les meilleurs équipements. A l’approche de la rentrée scolaire, les dirigeants et promoteurs des établissements faisaient un véritable défilé sur nos petits écrans. On connaissait les arguments de leurs discours pour attirer le maximum d’élèves dans leur enceinte. « Nous avons le meilleur établissement de la capitale, du pays, du continent. Nous sommes internationaux, nos élèves ont les meilleurs résultats aux différents examens » . Propos mensongers parfois ! ils les tiennent en oubliant que c’est la première cuvée qu’ils sont en train de recruter ! Ils poursuivent « nous avons les meilleurs professeurs, des salles de classe aérées qui accueillent un maximum de 50 élèves par classe (un autre mensonge l’établissement scolaire public au Cameroun qui n’a pas trop d’élèves en compte 80 par classe, et même là je ne suis pas capable de vous donner un nom). Pour les classes d’examens, c’est le poulailler.

Bien sûr je vous épargne des frais de scolarité accessibles à tous pour tant de confort ? C’est un rêve.  Maintenant la tendance veut que l’on ait une salle d’informatique munie de vieux ordinateurs dont à peine 2 sur 20 installés dans la salle fonctionnent. De vieilles machines devenues des ornements pour appâter les parents, il vous suffit de vous rapprocher pour voir l’inscription « Pentium –4 ». Oui vous avez bien lu je préfère ajouter le signe – par ce que ces machines ne sont plus d’actualité et en plus elles sont plus utiles à l’hébergement des virus qu’à la connexion Internet.

Mais ce qui devrait attirer l’attention des parents, et je le dis en connaissance de cause, devrait être l’infirmerie. Nos établissements et leurs infirmeries c’est une autre histoire. Elles sont équipées très rarement de lits sinon de matelas installés à même le sol et dont l’état vous donne des sensations de démangeaisons. Autres éléments classiques une table et deux chaises dont l’une, installée derrière la table, appartient à la maîtresse des lieux. Très souvent, c’est une infirmière d’âge mûr, qui une fois qu’elle est assise est plus motivée à causer qu’à recevoir un élève malade. Dans les tiroirs de cette table quelques médicaments incontournables, très souvent périmés ou mal conservés, qui sont devenus des remèdes miracles qui peuvent guérir tout. Le plus célèbre le paracétamol, communément appelé « Para », celui que tous les élèves détestent. Vous avez les maux de tête ? Une solution le Paracétamol.  Vous souffrez d’hémorroïdes, de diarrhée, de mal de ventre, de fracture ? Pas de souci le  « Para »  est là, le médicament miracle qui soigne tous vos bobos.

En cas de blessure, si vous êtes chanceux, on pourra nettoyer votre plaie avec de l’alcool, du coton ou un bout de compresse. Ne comptez surtout pas sur l’infirmière pour toujours vous faire un bandage avec du sparadrap, parfois elle se débrouille avec du scotch et réjouissez-vous, car elle aurait pu laisser votre blessure à la merci des mouches.

Sérieusement cette histoire d’infirmerie dans les établissements c’est tout sauf une infirmerie. On vous donne tellement de paracétamol que votre corps devient résistant et vous vous retrouvez avec des allergies.  Votre organisme consomme tellement ces comprimés blancs que rien qu’à sa vue, votre gorge s’assèche et en imaginant que vous allez encore boire ça, Non merci vous êtes guéri. D’ailleurs en demandant, vous vous rendrez compte que seuls les élèves du primaire et des classes de 6e et 5e le prennent comme un médicament. Ceux des autres classes, pour qui désormais c’est une corvée,  se contentent de boire le verre d’eau qu’on leur sert accompagné de deux ou trois comprimés de paracétamol . Si c’est du « Para », « non merci »,  ils le prennent mais ne l’avalent pas. Si vous vérifiez bien, ces médicaments finissent cachés sous les matelas, dans les poches de leurs uniformes et sacs ou encore dans les toilettes et sous les fenêtres des infirmeries.

Les infirmeries, je pense que cela devrait être le  critère primordial pour choisir un établissement, car comment penser que votre enfant, s’il lui arrivait quelque chose à l’école, ne pourrait pas avoir aux premiers soins.  C’est un suicide ! Alors, Oui aux infirmeries, Non au paracétamol comme seul traitement au sein des établissements.

 

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