Avec Maureen, le sourire est éternel

10 mars 2014

Avec Maureen, le sourire est éternel

Maureen Phiri
Maureen Phiri

Elle est sexy avec des bas, une mini jupe et des chaussures à la Lady Gaga. Maureen est arrivée dans la salle du Palais des Congrès à l’occasion de la 6e conférence sur les droits sexuels et la santé reproductive. Cette jeune fille très élégante, mais très accessible a décidé de garder le sourire et de le redonner aux autres, voici comment.

« Je suis Maureen Phiri de l’association Family Planning du Malawi, j’ai 17 ans et je suis une élève. Jai choisi de venir au Cameroun dans le cadre de cette 6e conférence sur les droits sexuels et la santé reproductive car je sais qu’il y a de nombreuses personnes qui ne croient pas que le VIH/sida existe. Il y a aussi des jeunes personnes qui nient l’existence de cette maladie ou qui se cachent. Ils n’ont pas de bonnes informations sur comment se prendre en main, ils n’ont pas de support. C’est pourquoi j’ai choisi de me lever et de me montrer pour que les gens me connaissent et sachent que cette maladie existe. Je veux encourager les jeunes à aller se faire dépister. Ainsi , ils sauront s’ils sont positifs et ils apprendront à vivre positivement. Nous sommes quatre dans la famille et je suis la deuxième. Deux d’entre nous sont infectés : moi et le dernier-né. Je ne sais pas pourquoi c’est ainsi, mais chaque fois que j’essaie de parler de ce sujet avec ma mère, elle refuse de me répondre et semble ne pas être intéressée.

Je pense le premier problème qu’elle a c’est celui de la religion. Ma mère croit en Dieu et ne veut pas parler de sexualité avec nous, avec moi surtout de VIH/sida elle n’y croit pas. Elle est séropositive et prend des médicaments. Mon père est mort en décembre 2013. Il était aussi malade et souffrait de tuberculose. Ce n’est pas facile de vivre cette situation avec le VIH et cela ne le sera jamais.  Ce qui est important pour moi, , c’est de savoir combien ma vie est importante, est- ce que je veux vivre ou non. Moi j’ai décidé de valoriser ma vie, car je veux vivre. J’ignore tout ce qui peut m’arriver et je positive et je sais qu’il y a des personnes plus vieilles que moi qui ne parviennent pas à positiver. Certaines sont stressées, ne prennent pas de médicaments, tentent de se suicider. Moi j’ai choisi d’accepter mon  sort et surtout de vivre positivement. La discrimination est ce qui pousse la plupart des personnes à refuser la réalité. En observant cela, je voulais briser le silence et partager mon secret avec les autres. Je me suis ouverte à pas mal d’organisations et j’ai décidé de les aider à lutter contre le sida et c’est dans ce cadre que je suis au Cameroun. J’ai décidé de parler à visage nu parce que j’ai envie d’être libre.  J’ai eu tout ce que vous pouvez imaginer, j’ai été rejetée, j’ai eu peur, j’étais dans l’ombre ,mais j’ai décidé d’être dans la lumière et me voici. Je suis heureuse car j’ai un petit ami qui connaît mon état. Nous ne sommes pas encore allés faire son test, nous avons décidé de nous abstenir jusqu’au mariage, nous sommes tous les deux chrétiens. Nous pouvons avoir des moments intimes à deux avec des attouchements, mais quand arrive le moment de franchir le pas ou d’être tentés, on ne franchit jamais cette limite. Je suis là pour le protéger, même s’il veut aller loin je ne l’accepterais pas, c’est la base de notre relation. Depuis que j’ai parlé de mon cas, de nombreuses personnes me soutiennent dans mon église, mes voisins, ma  communauté, mon groupe. Certains ont parlé de mon moi dans la plupart des médias et d’autres ont cru et croient toujours que je suis folle, comme si je ne savais pas ce que je faisais. 

Maureen Phiri
Maureen Phiri

Certains chrétiens me disaient que je n’avais pas la foi. J’ai arrêté de prendre les médicaments, j’allais aux séances de prières et rien ne changeait, je devenais de plus en plus malade. Je perdais encore plus de poids et même aujourd’hui je n’ai pas repris mon poids d’auparavant. Je souffre de tuberculose tout comme ma mère. C’est vrai qu’il m’est difficile de gérer mon emploi de temps avec celui de l’école, mais je suis contente d’être ici et de savoir que je serais à l’origine du changement de vie de quelqu’un n’importe où. J’aime partager et voir ce qui se passe ailleurs. Je mène d’autres activités comme parler de sexualité aux jeunes de mon groupe, même s’ils me regardent méchamment la plupart du temps. Je suis prête à affronter tout, car cela est réel, quoiqu’il arrive je vis avec le VIH et cela ne changera pas. Vivre avec le VIH, aujourd’hui c’est comme vivre avec d’autres maladies. Vous avez peut-être peur de savoir si vous êtes ou non porteur du VIH, mais il est mieux de le savoir.  Et si le test est positif, ne pensez pas au suicide, mais plutôt à une nouvelle vie avec plus de précautions. Vous pouvez vivre une vie positive, garder le sourire, la joie sur votre visage et dans votre vie naturellement ».

Maureen Phiri
Maureen Phiri

 

Étiquettes
Partagez

Commentaires

serge
Répondre

Beaucoup de courage à elle... :)

William Bayiha
Répondre

Beau témoignage, Salma ! C'est bien de l'avoir laissée parler !