La route ne tue pas, mais nos voitures, si

Article : La route ne tue pas, mais nos voitures, si
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16 novembre 2012

La route ne tue pas, mais nos voitures, si

Je me souviens d’un musicien qui nous a fait adopter cette règle: « la route ne tue pas mais c’est nous qui tuons à cause de nombreuses maladresses ». Cela pourrait bien correspondre à ce qu’on vit tous les jours sur nos routes. Le ministre des transports avait à une période suspendu les voyages de nuit, il avait même suspendu certaines agences dont les véhicules provoquaient beaucoup d’accidents sur les routes et les voitures qui étaient défectueuses, mais cela n’a servi à rien. Dans notre pays, quand on ferme une agence de voyage pour un motif, il suffit que le boss fasse semblant d’obéir pour que les autorités baissent la garde, pourtant la plupart changent le nom et l’emplacement de leur agence et vont à nouveau obtenir une autorisation.

A: S A
accident bafoussam

La plupart du temps, il suffit qu’une agence appartienne à une autorité bien placée pour que, même si elle provoque des accidents tous les jours, les autorités et même les journalistes ferment les yeux sur les nombreuses vies perdues. S’il s’agit d’une petite agence elle fera la Une des journaux, mais sur les gros poissons silence absolu ! De retour de Douala le dimanche 11 novembre, notre car a du s’arrêter pour que les passagers aillent regarder les victimes et les dégâts d’un accident à l’entrée de Bafoussam venant du Littoral. Sur le sol, un mort, le chauffeur, dont le visage a été recouvert, sur ses reins un collier de protection du nord (la plupart des chauffeurs, bergers, lutteurs issus de cette partie du pays en possèdent pour contrer divers dangers visibles ou invisibles), cela ne lui aura malheureusement pas servi à grand-chose.

D’après les riverains trouvés sur place, le chargeur qui l’accompagnait a perdu ses deux jambes quand il a fallu le tirer de décombres et a été conduit à l’hôpital. La cause de cet accident serait la rupture des freins de ce gros porteur. Le chauffeur avait été incapable de stopper l’engin qui est allé finir sa course dans la brousse en écrasant la cabine et ses passagers. Ces cas sont légion chez nous, je ne peux me remémorer le nombre d’accidents de camions que j’ai vu sur la route d’Etoudi jusqu’à Olembé ou encore dans d’autres quartiers pour la même cause.

Ce sont en majorité des camions d’occasion que les propriétaires achètent et utilisent sans en prendre soin. Un propriétaire de camion ne fait jamais voire rarement des révisions de son véhicule, il gagne de l’argent avec et quand il songe à en changer les roues, il faut remercier le seigneur pour cela. Il est vrai que les camions sont robustes mais ils ont besoin d’entretien et ont comme toute chose une durée de vie limitée. Il faut voir les camions, les taxis ou les motos qui roulent sur nos routes. Quand ce ne sont pas les ressorts des sièges ou un bout de la tôlerie qui redéfinissent les modèles de vos vêtements, c’est la peur de mourir par l’excès de tétanos lors d’un accident qui vous menace. Les chauffeurs de camions aussi ne sont pas innocents: la plupart sont des toxicomanes de drogue ou d’alcool pour rester éveillés. Les insultes sont aussi au menu même quand ils ont tort. Il faut voir comment ils conduisent ces réchauds qu’ils appellent camions et qui dégagent une fumée qui, si Dieu n’était pas clément avec nous, aurait tout bouffé la couche d’ozone et nous morts depuis. Parfois, à un carrefour ils roulent très vite et il n’y a que le klaxon et le vent que soulève leurs roues qui servent de signal aux autres conducteurs d’automobiles. C’est pourquoi la plupart du temps, quand ils trouvent un obstacle devant, il est déjà trop tard pour freiner et sauver des vies. J’ai entendu qu’ils leur était interdit de rouler en journée sur certains axes routiers, mais ils sont sourds et quand le camion tombe en panne, il est impossible de circuler pendant deux à trois heures au moins. Quand c’est le cas, il serre son frein, arrête le moteur, descend, se rend dans un bar, boit et ce n’est que quand un policier vient lui demander des explications qu’il parle et songe à trouver un mécanicien.

Le ministre en charge de ces activités a instauré des visites techniques, mais il faudrait mettre un accent sur cet aspect des véhicules. Les propriétaires n’ont que les gains en tête et le reste compte pour du beurre.

A: S A
accident bafoussam
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Commentaires

Alexandre Mbengue
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Tristes réalités que celles que nous vivons sur nos axes routiers.... Merci de crier et décrier haut et fort les malheurs vécus chaque jour par les camerounais. Osons croire que cela cessera un jour ...

keubeng tiwa herve
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Il faut d'avantage nous éduquer.