LA GRANDE TUEUSE DE NOS HOPITAUX
Chaque jour des patients meurent, ceux qui ont la peau dure, se plaignent de la négligence dans les hôpitaux du Cameroun.
Un personnel médical qui ne prête pas attention aux malades qui arrivent régulièrement, un sol sale et une réceptionniste qui prête à peine attention aux usagers en quête de renseignements, voilà le comité d’accueil du Centre Hospitalier et Universitaire de Yaoundé où je me rends ce 19 février 2011.
J’aurais pu avaler cette pilule amère, mais une fois dans une chambre de malade, l’image qui s’offre à moi, est plus choquante. Une patiente, Emilie qui a fait un accouchement par césarienne la veille et visiblement épuisée, est abandonnée sur son lit ainsi que son nouveau-né en attendant le personnel hospitalier qui doit lui apporter les soins depuis plus de 24h. Compte tenu de l’intervention qu’elle a subit, ses proches ne peuvent rien faire pour elle, non seulement de peur de défaire ses points sutures, mais encore ils ne sont ni habiletés ni qualifiés pour le faire. Il est 16h et elle est nue depuis le matin en attendant l’infirmier qui doit l’aider à faire sa toilette. Le petit aussi n’a pas reçu de soin depuis et est affamé et rien ne parvient à faire cesser ses pleurs. Et ce n’est pas tout, Emilie a sa poche d’urines qui est pleine de même que le sang s’est mis à remonter dans la perfusion et ses bandages sont immaculés.
L’infirmière à qui j’explique la situation et qui vient de prendre du service fait semblant de m’écouter avant de me répondre laconiquement « je viens d’arriver c’est l’infirmière qui était là avant moi qui devait le faire ». Impuissante, je n’ai que mes yeux pour exprimer ma surprise. Une fois dans la chambre d’Emilie je repense à tout cela et je me demande combien de personnes sont dans la même situation dans cet hôpital en particulier et dans les autres hôpitaux du pays en général ? Je me rends compte que ce ne sont pas les maladies qui tuent la plupart des patients, mais la négligence.
Comment comprendre qu’une personne à l’agonie arrive dans un hôpital et qu’on lui refuse l’accès aux premiers soins parce qu’on lui demande de « payer la consultation » ou « le billet de session » ? Comment comprendre que c’est dans ces moments de faiblesses que le personnel hospitalier trouve les solutions non pas pour apporter des sois au patient, mais pour lui soutirer de l’argent et exercer leur commerce de médicaments, et des accessoires?
De ce qui précède, il en découle que, nos hôpitaux ne sont rien moins que des boutiques où l’on vous vend la santé ou la mort, selon l’épaisseur de la bourse ou la carte de crédit. Et entretemps combien de personnes meurent encore par sa faute ? « Négligence ».
Je quitte l’hôpital à 17h et toujours pas de soin, je ne sais plus quoi dire.
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